La France vote l’interdiction de l’exploitation minière en haute mer dans ses eaux : pourquoi cette pratique est-elle si controversée ?


Le Parlement français a voté en faveur de l’interdiction de l’exploitation minière en haute mer dans ses eaux, dans un mouvement catégorique contre cette pratique controversée.

Le vote a été remporté à la majorité absolue hier (17 janvier) et l’Assemblée nationale exhorte maintenant le gouvernement à adopter le moratoire.

Exploitation minière en haute mer verrait de la machinerie lourde utilisée au fond de l’océan pour aspirer de petites roches contenant des métaux rares. Bien qu’en soit encore au stade exploratoire, les entreprises sont très intéressées par le cobalt, le nickel et le manganèse qui pourraient être extraits pour batteries de voiture.

Mais les scientifiques s’inquiètent de l’impact potentiellement dévastateur sur les écosystèmes marins. Ainsi que le climat, étant donné les grandes quantités de CO2 stockées à ces profondeurs.

Nicholas Thierry, le député vert qui a déposé la motion, a salué le vote comme une « victoire des fonds marins et des écologistes » hier soir.

« Quel accomplissement après plusieurs mois de travail avec des ONG et des députés de différentes tendances politiques, de voir enfin notre résolution contre l’exploitation minière des fonds marins adoptée à la Chambre ! il a tweeté.

Ils peuvent compter sur le soutien du président. Emmanuel Macron a déjà clairement exprimé son opposition à l’exploitation minière en haute mer – notamment à COP27 où il a appelé à un nouveau cadre juridique pour empêcher les activités extractives d’aller de l’avant.

Pourquoi l’exploitation minière en haute mer est-elle si dangereuse ?

À partir d’un obscurcissement de 200 m et plus bas, les «mers profondes» de la Terre représentent 90% de l’océan. Parce qu’ils sont si inaccessibles, ils recèlent encore d’énormes mystères pour la science.

Ce manque de connaissances scientifiques constitue un « risque majeur pour la sauvegarde de ces espaces », selon la nouvelle résolution de l’Assemblée nationale, qui les qualifie de « patrimoine commun de l’humanité ».

La plupart des espèces de ces écosystèmes éloignés se sont adaptées aux conditions uniques des profondeurs océaniques et sont extrêmement vulnérables aux perturbations humaines.

Une menace existentielle encore plus grande est la libération de gaz à effet de serre séquestrés dans les sols océaniques.

En septembre 2022, la société canadienne The Metal Company a obtenu un « permis d’essai » pour extraire plus de 3 000 tonnes de « nodules » polymétalliques (petites roches) à 4 000 mètres de profondeur au cœur du Pacifique.

Des images sous couverture de ses premiers tests montrent un flux noir de sédiments crachant du navire. Le journal français Le Monde rapporte que cela a joué un grand rôle dans la discussion parlementaire, qui a également vu l’auteur des Misérables Victor Hugo cité.

Résolu à donner l’exemple dans ses propres eaux, France a annulé un « projet de démonstrateur d’exploitation sous-marine », ajoute le journal.

À quel point le monde est-il proche de l’exploitation minière en haute mer ?

L’exploitation minière en haute mer est sous le feu des projecteurs depuis juillet 2021, lorsque The Metals Company et la nation insulaire du Pacifique Nauru ont déclenché une règle de l’ONU qui donne aux autorités deux ans pour élaborer des réglementations.

Cette échéance approche à grands pas. Mais les scientifiques ont averti que même 10 ans seraient insuffisants pour évaluer les impacts écologiques.

La France se joint à un nombre croissant de gouvernements appelant à une interdiction ou à une pause de précaution de l’exploitation minière en haute mer dans l’intervalle, y compris AllemagneEspagne, Nouvelle-Zélande et Costa Rica.

Le Parlement européen, la Commission européenne et l’UICN soutiennent le moratoire. Des multinationales comme Google, Microsoft, Renault, Samsung et Tesla se sont également engagés à ne pas s’approvisionner en minerais dans les fonds marins profonds.

« Nous sommes très heureux que le Parlement français ait adopté cette résolution », a déclaré à Euronews Green le responsable de la campagne océans de Greenpeace France. Mais une masse critique d’opposition est encore nécessaire avant l’échéance de juillet 2023.



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