La police soudanaise tire des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants


Des milliers de Soudanais sont descendus dimanche dans les rues de Khartoum pour exiger la fin du régime militaire, ont déclaré des témoins, tandis que des manifestants défilaient au rythme des tambours et des youyous des femmes.

Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants lorsqu’ils se sont approchés du palais républicain du Nil dans le centre de Khartoum et ont fait de même dans les villes sœurs de la capitale, Bahri et Omdurman, selon les témoins.

Des clips vidéo publiés en ligne montraient les manifestants marchant alors que des colonnes de fumée noire s’élevaient au-dessus de Khartoum, peut-être à cause de pneus en feu.

Beaucoup portaient des banderoles portant des images de certains des 119 manifestants tués par les forces de sécurité depuis que l’armée a pris le pouvoir il y a un an. Ils scandaient des slogans anti-militaires et agitaient des drapeaux soudanais.

Fin juillet, l’armée a invité l’opposition à nommer un chef d’État et un Premier ministre, mais les divisions entre les groupes pro-démocratie ont empêché tout progrès. De plus, l’armée a clairement indiqué qu’elle resterait la source ultime du pouvoir, se présentant comme le gardien et le protecteur de la nation.

La prise de pouvoir militaire de l’année dernière, dirigée par le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Al Burhan, a fait dérailler la transition démocratique du pays après le renversement du dictateur Omar Al Bashir en avril 2019.

Elle a également plongé l’économie du pays plus profondément dans la crise et créé un vide qui a permis la réactivation de la violence tribale et ethnique dans les régions périphériques de l’ouest et du sud, faisant des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés.

Alors que les forces de sécurité tentaient de contenir les manifestations à Khartoum, des gaz lacrymogènes ont également été tirés dans la ville jumelle de la capitale, Omdurman, où les manifestants ont tenté de traverser le pont menant au centre de la capitale.

Dans la ville orientale de Kassala, quelque « 800 jeunes hommes et femmes » sont sortis pour réclamer un régime civil, a déclaré à l’AFP un témoin oculaire Hussein Mohamed Shahed.

Les manifestants ont scandé « les soldats retournent à la caserne », un cri de ralliement régulier lors des manifestations quasi hebdomadaires.

Samedi, des islamistes soudanais se sont rassemblés devant les bureaux de l'ONU à Khartoum pour protester contre ce qu'ils ont qualifié d'intervention étrangère dans les affaires du Soudan.  AFP

Les manifestations de dimanche ont eu lieu un jour après qu’environ 3 000 islamistes se sont rassemblés devant les bureaux des Nations Unies à Khartoum, exigeant l’expulsion de l’envoyé de l’ONU Volker Perthes et la fin de ce qu’ils ont appelé l’ingérence étrangère dans les affaires du Soudan.

M. Perthes a, en collaboration avec des groupes régionaux, tenté de servir de médiateur entre les forces militaires et pro-démocratie pour trouver un règlement à la crise politique du pays.

Cet effort est au point mort mais on pense qu’il a repris à huis clos.

Mis à jour : 30 octobre 2022, 18 h 49





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