La présidence tchèque cherche à élargir la définition de la publicité politique


Un nouveau texte de compromis de la présidence tchèque du Conseil de l’UE sur le règlement sur la publicité politique a proposé une définition large de la publicité qui pourrait englober l’expression de préférences politiques par des citoyens ou des organisations de la société civile.

Le dernier texte de compromis, obtenu par EURACTIV et daté du 19 octobre, propose des amendements à la proposition initiale de la Commission dans plusieurs domaines, notamment les définitions, la transparence et les sanctions.

Le règlement a été proposé pour la première fois par la Commission en 2020 dans le cadre de son plan d’action pour la démocratie et vise à accroître la transparence de la publicité politique et à lutter contre la désinformation dans les campagnes électorales.

L’intention est de mettre la législation en place avant les prochaines élections au Parlement européen, prévues pour le printemps 2024.

Définitions

En ce qui concerne les définitions, le texte de compromis comprend deux conceptualisations de la publicité politique, une qui la caractérise comme un service et une autre qui est plus large et pourrait, dans certains domaines, englober l’expression de préférences politiques par des citoyens privés ou des organisations de la société civile.

Les deux premiers chapitres du règlement portent sur les dispositions générales et la transparence, une définition qui repose sur la fourniture de cette publicité en tant que service est utilisée.

Toutefois, au chapitre 3, qui traite du ciblage et de l’amplification, y compris des dispositions sur le traitement des données à caractère personnel, la composante « service » est supprimée. Par conséquent, les règles pourraient s’appliquer aux discours politiques des citoyens et des organisations, même s’ils ne sont parrainés par personne d’autre.

Pour Fernando Fortal Horonda, responsable de la politique numérique au Partenariat européen pour la démocratie, la nouvelle formulation constituerait une menace pour la liberté d’expression et la participation politique à deux niveaux différents.

« Premièrement, il dénature le discours politique autour des élections par des individus ou des organisations de la société civile, car il dégrade le discours civique et la participation politique en y faisant référence comme s’il s’agissait d’un service, c’est-à-dire la publicité. Cela crée un précédent inacceptable.

« Deuxièmement, il s’ensuit que cette forme de participation civique qui n’implique pas l’utilisation de services publicitaires est réglementée car elle impliquerait la fourniture de ces services, imposant des obligations disproportionnées et inapplicables aux individus et à la société civile », a-t-il ajouté.

Sanctions et application

Le texte confie la responsabilité de sanctionner les sponsors de la publicité politique aux autorités nationales, laissant la probabilité et la force avec lesquelles cela est entrepris en fonction des situations politiques dans les différents États membres.

Le texte suggère également que la sanction financière maximale pouvant être appliquée en cas de violation du règlement est de 4 % du revenu annuel, du budget ou du chiffre d’affaires mondial de l’année précédente d’un sponsor publicitaire.

Cela diffère des chiffres récemment proposés par les députés de la commission du marché intérieur du Parlement européen, où les législateurs progressistes ont suggéré une amende minimale pour les fournisseurs de services publicitaires de 2% de leur chiffre d’affaires de l’année précédente.

Élections et périodes électorales

Le compromis comprend une disposition obligeant les États membres à fournir les dates précises de leurs élections et référendums immédiatement après leur annonce via un portail accessible au public fourni par la Commission.

Le texte soutient également une proposition introduite par la précédente présidence française qui verrait un durcissement des règles dans le mois précédant un vote, obligeant les fournisseurs de publicités à adresser les notifications et à fournir des informations sur les publicités dans les 48 heures pendant cette période.

Transparence

Le compromis comprend également des clarifications sur les exigences de transparence, stipulant que les éditeurs doivent indiquer clairement quand une publicité a été ciblée ou amplifiée en publiant une mention à cet effet dans le cadre des informations qu’ils sont tenus de mettre à disposition avec chaque publicité.

Problèmes parqués

Le texte ajoute également une liste de questions qui, plutôt que d’être immédiatement traitées par le règlement, seront examinées à l’avenir, probablement via le rapport d’évaluation que la Commission soumettra d’ici la fin de 2026.

Outre l’efficacité du règlement et son impact sur les PME, les domaines qui seront désormais réexaminés à un stade ultérieur comprennent la restriction supplémentaire du traitement des données personnelles dans la publicité politique, la création de bibliothèques publicitaires publiques et les sanctions des États membres en cas de violation.

[Edited by Luca Bertuzzi/Nathalie Weatherald]





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