Le Burkina renonce au pacte d’aide militaire de 1961 avec la France


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Ouagadougou (AFP)- Le Burkina Faso a annulé un accord de 1961 sur l’assistance militaire avec la France, une décision qui intervient quelques semaines seulement après avoir dit à l’ambassadeur de France et aux troupes soutenant sa campagne anti-djihadiste de quitter le pays.

Le ministère burkinabé des Affaires étrangères a informé le gouvernement français que le pays « renonçait à l’accord d’assistance militaire technique conclu à Paris le 24 avril 1961 », selon la correspondance datée de mardi.

L’accord a été forgé entre la République nouvellement indépendante de Haute-Volta, comme on appelait autrefois le Burkina Faso, et sa puissance coloniale de longue date.

C’est l’une des bases juridiques du soutien militaire français dans l’État profondément troublé du Sahel.

Dans la correspondance, vue par l’AFP mercredi, le ministère a indiqué que le Burkina donnait un préavis d’un mois pour « le départ définitif de tous les militaires français servant dans les administrations militaires burkinabè ».

Cette décision marque une nouvelle spirale descendante dans les relations depuis que l’armée a renversé le président élu du Burkina l’année dernière.

La répartition reflète dans une large mesure un effondrement entre la France et le Mali voisin, qui est également gouverné par la junte.

Les deux pays ont été battus par une insurrection djihadiste de longue date qui, rien qu’au Burkina, a tué des milliers de personnes et forcé plus de deux millions de personnes à fuir leur foyer.

La colère au sein de l’armée burkinabé face à l’échec de la lutte contre l’insurrection a conduit à deux coups d’État l’année dernière.

Par ailleurs, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi à Diapaga, la capitale de la province orientale de la Tapoa, pour exiger une meilleure sécurité.

Le rassemblement a été provoqué par une attaque contre un village voisin dimanche, qui, selon les habitants locaux et une source de sécurité, a fait trois morts.

Les manifestants ont accusé le gouvernement d’inaction et ont déclaré que les forces de sécurité avaient abandonné la zone avant l’attaque.

« Nous ne pouvons pas être laissés à la merci de hordes de terroristes », a déclaré le manifestant Issa Lankoande.

Le dernier dirigeant du pays est le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir en septembre dernier.

À seulement 34 ans, il est devenu le plus jeune dirigeant du monde en dehors des monarchies.

Il a juré de récupérer les terres saisies par les djihadistes mais, comme au Mali, a mis l’accent sur la « souveraineté » nationale sur la stratégie.

Dans les deux pays, les tensions avec la France au niveau gouvernemental se sont accompagnées de manifestations anti-françaises et de critiques sur les réseaux sociaux.

Le 18 janvier, le Burkina a demandé à la France de retirer son ambassadeur, Luc Hallade, après avoir fait des commentaires sur les problèmes de sécurité du pays. Il a été retiré, apparemment pour des consultations.

Burkina Faso © /AFP

Le Burkina a également donné un mois à la France pour retirer une unité des forces spéciales de 400 hommes basée près de la capitale. Le drapeau français a été abaissé sur la base le mois dernier.

La France a retiré le dernier de ses soldats du Mali l’année dernière, culminant une rupture qui a été en grande partie déclenchée par l’alliance croissante de la junte avec la Russie.



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