Les campagnes à fort enjeu de la Turquie en Syrie


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Istanbul (AFP) – La Turquie a lancé une série d’offensives en Syrie voisine depuis 2016 visant les milices kurdes, les djihadistes du groupe État islamique et les forces fidèles au président Bachar al-Assad.

La dernière, en Irak et en Syrie et surnommée l’opération Claw-Sword, précède les élections générales de juin qui verront le président turc Recep Tayyip Erdogan s’appuyer fortement sur ses partisans nationalistes pour tenter de gagner.

Son gouvernement dit qu’il doit protéger les régions instables du sud de la Turquie le long de la frontière syrienne contre les attaques des combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG).

Mais comme ses aventures militaires passées, la dernière poussée pourrait créer des problèmes pour les relations complexes de la Turquie avec ses alliés occidentaux, en particulier les États-Unis.

Washington s’est fortement appuyé sur les YPG pour vaincre les djihadistes de l’EI qui ont envahi de vastes étendues de la Syrie et de l’Irak voisin en 2014.

Ankara considère les YPG comme la branche syrienne des militants interdits du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mènent une insurrection meurtrière contre l’État turc depuis 1984.

Le gouvernement a blâmé les militants kurdes pour l’attentat à la bombe meurtrier dans le centre d’Istanbul dimanche dernier. Le PKK et les YPG ont tous deux nié toute implication.

Le PKK est proscrit comme organisation terroriste par les États-Unis et l’UE. Ankara veut que Washington coupe ses liens avec les YPG et soutienne pleinement les campagnes de la Turquie en Syrie.

Bouclier de l’Euphrate

La première offensive turque d’août 2016 à mars 2017 a été dirigée à la fois contre les djihadistes de l’EI et les YPG dans la province septentrionale d’Alep.

Avec l’aide de rebelles syriens alliés, les forces turques ont capturé plusieurs villes stratégiques, dont Jarabulus et Al-Bab.

L’opération a permis à Ankara de créer une zone tampon entre la Turquie et les zones tenues par les Kurdes dans le nord de la Syrie.

Branche d’olivier

La deuxième offensive de la Turquie de janvier à mars 2018 visait exclusivement les combattants des YPG dans la région nord-ouest à majorité kurde d’Afrin, qui reste à ce jour sous le contrôle des mandataires rebelles turcs de la Turquie.

Les Nations Unies ont estimé que la moitié des 320 000 habitants de l’enclave ont fui pendant l’offensive.

Printemps de la paix

La Turquie a lancé un vaste assaut aérien et terrestre contre les milices kurdes dans le nord-est de la Syrie après que l’ancien président Donald Trump a retiré de manière controversée les forces américaines de la région en octobre 2019.

Les rebelles syriens soutenus par l’armée turque ont pris le contrôle d’une bande de 30 kilomètres de large (19 miles de large) de la frontière turco-syrienne pendant la campagne.

Ciblant les combattants mêmes que l’Occident a soutenus pour libérer la Syrie du groupe EI, l’opération a été largement condamnée en Europe et aux États-Unis.

Washington a sanctionné certains ministères turcs tandis que plusieurs pays de l’UE ont limité certaines ventes d’armes à Ankara.

Bouclier de printemps

Contrairement à ses autres offensives, celle lancée en février 2020 était spécifiquement conçue pour stopper les avancées des forces du régime syrien dans la province d’Idlib.

La campagne de frappes de drones était lourde de risques géopolitiques, menaçant d’opposer la Turquie à l’alliée syrienne, la Russie.

L’opération s’est terminée en une semaine, lorsque le président Erdogan s’est envolé pour Moscou pour signer un accord garantissant un cessez-le-feu à Idlib.

En mars 2020, la Turquie et la Russie ont convenu d’établir un couloir de sécurité dans la région, avec des patrouilles conjointes turco-russes le long d’une section désignée de l’autoroute M4.

« Recommencer à zéro »

La Turquie visait à l’origine à renverser le régime d’Assad lorsque le conflit syrien a éclaté avec la répression violente des manifestants pacifiques en 2011.

Mais après avoir soutenu divers groupes d’insurgés, Ankara s’est plus récemment concentré sur la prévention de ce qu’Erdogan a qualifié en 2019 de « corridor terroriste » de s’ouvrir dans le nord de la Syrie.

En plus de combattre les YPG, il tient également à éviter qu’une nouvelle vague de réfugiés syriens ne pénètre sur son territoire.

Erdogan a signalé cette semaine qu’il pourrait reconsidérer ses liens avec Assad.

« Nous pourrions recommencer à zéro après les élections de juin », a-t-il déclaré.

Erdogan a d’abord ouvert ses bras aux Syriens fuyant les combats, utilisant l’aide du financement de l’UE pour héberger plus de 3,6 millions de migrants et de réfugiés.

Mais les sondages montrent que les Turcs se refroidissent sur les migrants et les réfugiés, dont le nombre estimé a atteint cinq millions.

La Turquie a terminé l’édification d’un mur frontalier syrien de 764 kilomètres en juin 2018 et en construit un autre avec l’Iran visant à stopper le flux de migrants en provenance d’Afghanistan.



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