Les États membres de l’UE coupent les ailes de la Commission lors des discussions sur les outils anti-coercition


Les États membres de l’UE se sont mis d’accord mercredi 16 novembre sur une position de négociation commune concernant le règlement de l’UE pour un instrument anti-coercition, réduisant considérablement les pouvoirs de la Commission européenne d’agir unilatéralement en réaction aux tentatives de coercition économique par des pays tiers.

L’instrument anti-coercition a été proposé par la Commission européenne en décembre 2021 pour renforcer la capacité de l’UE à réagir aux tentatives de coercition économique de pays tiers, comme la Chine.

L’instrument devrait permettre à l’UE de prendre des contre-mesures à l’encontre d’un pays tiers qui essaie de faire pression sur un ou plusieurs États membres de l’UE pour qu’il fasse son offre en utilisant les dépendances économiques des États membres.

« L’UE et ses États membres sont devenus ces dernières années la cible de pressions économiques délibérées exercées par des pays tiers par le biais de mesures affectant le commerce et l’investissement », a déclaré Jozef Síkela, ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce dans un communiqué.

L’hiver dernier, par exemple, la Chine a mis en place un embargo commercial de facto contre la Lituanie après que l’État balte ait autorisé Taïwan à ouvrir un bureau de liaison dans la capitale lituanienne Vilnius.

Mercredi, les négociateurs des États membres de l’UE se sont mis d’accord sur une position commune sur l’instrument anti-coercition.

« L’UE a le droit de mieux se défendre sur la scène mondiale lorsqu’elle devient la cible d’intimidations économiques », a déclaré Síkela, responsable des négociations puisque la République tchèque assure actuellement la présidence tournante du Conseil des États membres de l’UE.

Apporter une arme à feu aux négociations commerciales

Le président de la commission du commerce du Parlement européen, Bernd Lange, affirme que l’UE a besoin de davantage d’instruments défensifs pour protéger ses intérêts commerciaux dans un environnement où les règles commerciales multilatérales ne sont pas respectées.

Cependant, la position du Conseil réduit l’autorité de la Commission et donne aux États membres de l’UE plus de poids dans l’utilisation de l’outil par rapport à la proposition de la Commission.

Par exemple, la Commission avait initialement proposé qu’elle ait compétence pour déterminer unilatéralement si une action d’un pays tiers est un cas de coercition économique. Dans la version du Conseil, une majorité qualifiée d’États membres de l’UE devrait accepter une telle détermination.

De plus, la Commission avait initialement proposé qu’elle devrait pouvoir imposer unilatéralement des mesures de réponse en cas d’urgence, ou « pour des raisons d’urgence impérieuses dûment justifiées pour éviter un dommage irréparable à l’Union », comme le dit la proposition de la Commission.

Les États membres de l’UE ont supprimé cette disposition d’urgence dans leur version du règlement. Au lieu de cela, les mesures de réponse proposées par la Commission devraient également être approuvées par une majorité qualifiée des États membres.

En général, les États membres de l’UE ont ajouté un libellé pour rendre l’instrument anti-coercition moins précis. Par exemple, la position du Conseil souligne que tous les intérêts de l’UE doivent être pris en compte lors de la décision sur les mesures de réponse, y compris les intérêts des autres États membres, des entreprises et des consommateurs. La position du Conseil insiste également sur la nécessité d’engager un dialogue avec le pays tiers concerné.

Dans une prochaine étape, le Conseil de l’UE devra entamer des négociations avec le Parlement européen pour trouver une position commune sur le règlement.

[Edited by Nathalie Weatherald]





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