Les États membres demandent de la flexibilité et l’indépendance des régulateurs dans la nouvelle loi sur les médias


L’indépendance et la flexibilité des régulateurs des médias, la protection des données et les mesures de non-conformité sont au centre des commentaires de plusieurs États membres sur la proposition de loi européenne sur la liberté des médias.

Dans un document daté du 2 février et consulté par EURACTIV, les délégations de sept États membres – Allemagne, Finlande, Irlande, Hongrie, Lettonie, Lituanie et Pays-Bas – ont fait part de leurs commentaires sur la proposition au groupe de travail « Audiovisuel et médias » du Conseil.

Les points soulevés couvrent des domaines tels que l’indépendance du nouveau comité européen des services de médias, que le règlement créera pour remplacer l’actuel groupe des régulateurs européens des services de médias audiovisuels (ERGA), la protection des données, les logiciels espions et la garantie que le respect du règlement sera faisable pour les autorités nationales disposant de moins de ressources.

Publiée en septembre, la proposition de loi sur la liberté des médias vise à accroître la transparence de la propriété des médias au sein de l’UE et à introduire des garanties sur l’indépendance éditoriale et le pluralisme des médias.

Cependant, l’initiative n’a pas évité les retours en arrière, d’autant plus que la réglementation des médias est traditionnellement considérée comme une compétence nationale.

La flexibilité

L’une des questions les plus fréquemment soulevées consistait à accorder une flexibilité suffisante aux autorités nationales plus petites et disposant de moins de ressources pour se conformer.

L’Allemagne, l’Irlande, la Finlande, la Lettonie et les Pays-Bas ont tous noté que les délais fixés dans certaines dispositions du texte, par exemple 14 ou 30 jours pour entreprendre des tâches telles qu’informer les autorités d’autres États des mesures qu’ils prévoient de prendre en réponse à demandes transfrontalières, pourraient désavantager certains États.

Cela « tiendrait mieux compte des exigences particulières des petites autorités de contrôle », a noté l’Allemagne, un pays doté d’un système fédéral avec 14 autorités des médias au niveau des États.

Il a donc été largement demandé d’assouplir les délais de réponse et de confier au Conseil la responsabilité de définir des échéances. La Lettonie a recommandé que les différentes formulations concernant les délais dans le texte soient alignées autant que possible si ce changement n’était pas effectué.

Indépendance

Garantir l’indépendance des autorités de contrôle est également un thème récurrent tout au long des retours d’expérience. L’Allemagne et les Pays-Bas ont demandé que diverses références au conseil d’administration agissant « en accord avec » la Commission soient supprimées afin de créer une plus grande distance entre les deux organes.

Dans l’article qui traite de la coopération structurée entre les autorités de régulation, par exemple, l’Allemagne indique que la Commission ne devrait pas être impliquée dans l’émission d’avis dans des situations où un différend surgit entre deux autorités nationales afin de préserver l’indépendance du conseil.

De même, dans la section de la législation qui traite de la structure du conseil, les Pays-Bas plaident pour la suppression d’une mesure permettant à un représentant de la Commission de participer à toutes ses réunions ou activités, mais sans droit de vote, afin de garantir la capacité à travailler de manière indépendante et à se réunir sans la présence de la Commission.

Certains Etats évoquent également l’importance d’assurer l’indépendance des régulateurs nationaux, ou plutôt d’éviter les ingérences dans cette compétence nationale sensible.

La Hongrie est particulièrement active dans sa défense de la compétence des États membres en matière de médias, appelant à la suppression des références au conseil d’administration promouvant les meilleures pratiques, par exemple, sur l’application des règles nationales, arguant que le chien de garde ne devrait superviser que l’application des mesures au niveau de l’UE .

La Hongrie appelle à une plus grande clarification en général de la responsabilité des autorités de contrôle traitant les plaintes transfrontalières, ajoutant qu’elle « [does] ne pas soutenir la création d’une autorité européenne des médias qui, contrairement à l’ERGA, se situe au-dessus des autorités de régulation nationales et non parallèle à celles-ci.

L’Irlande, la Lettonie et la Hongrie poussent à l’inclusion d’un libellé précisant que les avis rendus par le conseil ne sont pas juridiquement contraignants.

Données personnelles

Dans ses notes sur la proposition, la Finlande a souligné l’importance de préciser si les données à caractère personnel seront traitées dans le cadre de la coopération transfrontalière entre les autorités réglementaires nationales.

Helsinki a également suggéré que la nature de ces données et les finalités pour lesquelles elles sont partagées soient précisées, ainsi que l’introduction de limitations garantissant que les échanges de données sont limités à ces circonstances.

Concernant également la protection des données, la Lituanie a fait valoir qu’il n’était pas clair comment, dans le respect des dispositions de la loi sur les obligations des fournisseurs de services de médias, les données sur les bénéficiaires effectifs pourront être rendues publiques si le fournisseur de services de médias ou son participant appartient à un groupe protégé comme une communauté religieuse ou un syndicat.

Étant donné qu’il s’agirait de données sensibles, il est suggéré que les membres de ces organisations ne devraient peut-être pas être répertoriés publiquement.

Logiciels espions et non-conformité

La Lituanie suggère également de modifier certains libellés liés aux dispositions du texte sur les logiciels espions, en réduisant la liste des personnes liées aux services de médias sur lesquelles le déploiement de logiciels espions est spécifié comme étant interdit.

Parmi les questions soulevées par la Lettonie, il y a celle de savoir ce qui se passe si les autorités ne se conforment pas aux demandes transfrontalières et si la Commission engagerait une procédure d’infraction dans de tels cas.

L’Irlande, cependant, demande également plus de clarté concernant les motifs pour lesquels de telles demandes peuvent être légitimement refusées, arguant que ceux-ci font actuellement défaut.

Luca Bertuzzi a contribué au reportage.

[Edited by Luca Bertuzzi/Nathalie Weatherald]





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