Les organismes de l’industrie s’opposent au retrait par l’UE des entreprises non européennes du groupe d’experts


Six groupes d’intérêt se sont mobilisés contre les récentes restrictions imposées par la Commission européenne à l’implication de représentants d’entreprises non européennes dans le groupe d’experts sur les équipements radio, affirmant qu’elles vont à l’encontre des valeurs mondiales de l’UE.

Mobile & Wireless Forum, Digital Europe, Orgalim, l’Association européenne des équipementiers automobiles (CLEPA), Home Appliance Europe (APPLIA) et la santé COCIR ont exprimé leurs inquiétudes dans une lettre adressée au commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton.

La lettre, datée du 17 octobre et consultée par EURACTIV, conteste le fait que la Commission ait modifié les exigences applicables aux organisations éligibles pour rejoindre le groupe d’experts sur les équipements radio afin d’exclure les entreprises qui ne font pas partie de l’UE-27, ou de l’Islande, du Lichtenstein, et Norvège, membres de l’Espace économique européen.

La directive sur les équipements radio est la base des exigences de sécurité des appareils de l’Internet des objets, et elle sera largement remplacée par la prochaine loi sur la cyber-résilience. Le groupe d’experts conseille la Commission sur les normes, le respect et la mise en œuvre des règles de l’UE.

« Il est décevant que les nouvelles restrictions aient été adoptées sans consultation, car nous aurions apprécié l’opportunité d’aborder leur nature contre-productive par rapport aux ambitions plus larges d’établir des alliances internationales », indique la lettre.

Les associations professionnelles perdraient leur capacité à participer au groupe d’experts si les entreprises non européennes contrôlaient une part déterminante des voix dans le processus décisionnel. Si les organisations sont toujours éligibles pour participer, mais que leurs représentants appartiennent à une organisation membre d’un pays non membre de l’UE/EEE, ils devront être remplacés.

À long terme, ce critère pourrait inciter les organisations à restreindre leur adhésion aux entreprises des États-Unis, du Royaume-Uni et de Chine.

La modification des conditions d’éligibilité remonte à mai mais entrera en vigueur le 1er janvier 2023. Les associations professionnelles ont demandé à la Commission de prolonger le délai de grâce jusqu’à la fin de l’année prochaine. Si un tel report est accordé, l’exécutif européen doit trancher dans les prochaines semaines.

Les signataires ont souligné que les changements auraient un impact négatif sur les valeurs et les principes de l’UE car ils vont à l’encontre du modèle européen d’élaboration des politiques ouverte et transparente.

Ils ont également souligné l’incohérence avec l’idée de coopération internationale de l’UE en matière de politique numérique, incarnée par le Conseil du commerce et de la technologie UE-États-Unis et le partenariat numérique UE-Japon.

En outre, la lettre conteste la justification fournie par la Commission selon laquelle la restriction est appliquée parce que le groupe traite de sujets sensibles tels que la cybersécurité, insistant sur le fait que la participation des entreprises qui partagent la même valeur que l’UE devrait être encouragée plutôt que restreinte.

L’argument de la cybersécurité reflète une préoccupation à long terme dans les cercles politiques de l’UE selon laquelle des entreprises chinoises comme Huawei sont devenues dominantes dans les organismes de normalisation européens. La Chine n’a pas caché que les normes mondiales sur les technologies émergentes telles que l’IA et la 5G sont une priorité stratégique, et elle a investi massivement dans les efforts pour les façonner.

En février, la Commission européenne a présenté une stratégie de normalisation visant à garantir que les intérêts et les valeurs européennes se reflètent dans les normes internationales.

La stratégie comprenait une modification de la gouvernance des organismes européens de normalisation, notamment l’Institut européen des normes de télécommunications (ETSI), considéré comme sous influence étrangère indue.

Lundi, la Commission européenne a publié l’appel à candidatures pour les membres du Forum de haut niveau sur la normalisation européenne, une plateforme de coordination des efforts des parties prenantes concernées pour défendre les intérêts européens dans les processus de normalisation internationale.

Dans ce cas également, l’un des critères est que les représentants doivent être établis dans l’un des États membres de l’UE ou « dans l’un des pays formant l’Espace économique européen et ne doivent pas être soumis au contrôle d’un pays tiers, ni agir directement ou pour le compte d’une entité d’un pays tiers ».

Une préoccupation importante pour l’industrie est que la nouvelle approche pourrait éloigner l’Europe des pays aux vues similaires comme les États-Unis et le Japon, qui, dans le pire des cas, pourraient décider de riposter. Jusqu’à présent, la question a été maintenue au niveau technique.

La Commission européenne n’a pas répondu à la demande de commentaires d’EURACTIV au moment de la publication.

[Edited by Zoran Radosavljevic]





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