L’Espagne veut prolonger la dérogation ibérique et propose une refonte du marché de l’électricité de l’UE


Le gouvernement espagnol demandera à la Commission européenne l’autorisation de prolonger la « dérogation ibérique », une mesure exceptionnelle limitant le prix du gaz pour la production d’électricité en Espagne et au Portugal jusqu’à fin 2024.

C’est ce qu’a confirmé la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera (PSOE/S&D) lors d’une conférence de presse mardi après la tenue du Conseil des ministres à Madrid.

Auparavant, dans une interview à la chaîne de télévision privée Antenne3le ministre a expliqué que Madrid souhaiterait que le « gas cap » soit « le plus bas possible », autour de 45 ou 50 €, et a ajouté qu’il « pourrait être prolongé, au moins, jusqu’à fin 2024 ».

Mardi, elle a informé que l’exécutif progressiste espagnol du PSOE et d’Unidas Podemos avait soumis à la Commission européenne une proposition visant à entreprendre un « règlement fondamental » pour réorganiser le marché européen de l’électricité pour le débat au niveau européen prévu au printemps.

Dans un geste audacieux, le gouvernement espagnol a proposé que la Commission retire le gaz du marché de gros européen. La proposition de Madrid est la première à être envoyée par un État membre de l’UE à la Commission européenne.

Le cœur de la proposition espagnole est le découplage de la production d’électricité avec le gaz naturel du marché, ce qui, en principe, n’impliquerait pas l’élimination du système de tarification marginale, selon des sources proches du dossier citées par Cinco Dias.

La « dérogation ibérique » ne sort pas le gaz du pool, mais impose un plafonnement des prix pour éviter que les technologies de tarification infra-marginales (nucléaire, hydraulique ou renouvelables) ne soient contaminées par les prix élevés du gaz (et aussi du charbon).

Selon la vision de l’Espagne, il existe plusieurs façons d’aborder la proposition de découplage, ont ajouté les mêmes sources.

Ces options incluent la segmentation du marché par technologies ; retirer du marché certaines énergies, comme le nucléaire, en garantissant un prix plafond de l’ordre de 60 €/MWh, ou créer un marché de capacité, parallèlement au régime des prix marginaux, pour les technologies de secours (gaz, nucléaire et charbon), ce qui pourrait choisir entre l’un ou l’autre, rapporte le quotidien financier.

Cependant, Ribera a admis que la proposition espagnole devra franchir de nombreux obstacles, car la « dérogation ibérique » n’a été, en principe, approuvée que jusqu’en mai de cette année.

« Nous avons bien l’intention de demander que l’application de la ‘solution ibérique’ soit prolongée jusqu’à ce que le règlement européen soit modifié », a précisé le ministre.

« Il nous reste à mettre ces propositions de solution de fond à la Commission européenne, mais aussi cette prolongation (de la « dérogation ibérique ») au-delà de juin 2023, jusqu’à ce que cette crise dure et que le règlement de l’UE n’ait pas été mis à jour », a-t-elle ajouté.

Élaborant sur les caractéristiques de cette mesure exceptionnelle approuvée par la Commission pour l’Espagne et le Portugal, le ministre a rappelé qu’à l’époque, un prix de coupure de 40 € avait été convenu dans les offres présentées par les entreprises espagnoles qui produisent de l’électricité à partir du gaz jusqu’à 31 décembre, un montant auquel s’ajouteraient cinq euros supplémentaires chaque mois jusqu’à l’expiration de la mesure.

La réforme sera controversée, car le système de marché actuel a mis de nombreuses années à se mettre en place et de nombreux pays de l’UE s’opposent déjà à cette décision, notamment l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et les pays scandinaves.

Dans le cas des pays de l’Est de l’UE, les divergences persistent et seul le bloc du Sud (France, Italie, Espagne et Portugal) est clairement favorable à une réforme en profondeur du marché de gros de l’électricité.

(Fernando Heller | EuroEFE.EURACTIV.es)





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