Parlement européen : Taxer les pesticides pour financer la lutte intégrée contre les ravageurs


Une « taxe nationale basée sur le risque » sur les pesticides pour financer des alternatives plus durables a été proposée par le législateur du Parlement européen à la tête des plans de l’UE visant à réduire l’utilisation et les risques des produits phytopharmaceutiques d’ici 2030.

Le projet de document divulgué présenté par l’eurodéputée verte autrichienne et rapporteur du Parlement sur le dossier, Sarah Weiner, note que la réduction obligatoire de l’utilisation et des risques des pesticides sera associée à « des coûts et une charge administrative considérables pour les États membres », y compris le soutien pour les agriculteurs, la formation et la rémunération des conseillers.

Dans l’état actuel des choses, la Commission a proposé que le financement nécessaire à cette proposition provienne entièrement de la politique agricole commune (PAC).

Cependant, le régime actuel de subventions agricoles de l’UE ne permet pas le versement de fonds lorsqu’il s’agit d’exigences obligatoires telles que celles définies dans les nouvelles règles proposées par l’UE sur les pesticides dédiés à la lutte intégrée contre les ravageurs (IPM).

Pour cette raison, en juillet, la Commission a proposé un amendement sans précédent à la PAC pour intégrer le financement de l’IPM dans les dépenses de la PAC pendant cinq ans – bien que cela n’ajoutera pas d’argent frais d’un point de vue pratique.

L’IPM est une stratégie écosystémique qui se concentre sur la prévention à long terme des ravageurs ou de leurs dommages grâce à une combinaison de techniques appliquées par ordre hiérarchique afin de minimiser au maximum l’utilisation de produits phytosanitaires chimiques.

Bien que l’application des principes de l’IPM fasse déjà partie intégrante de la réglementation sur l’utilisation durable des pesticides (SUR), les actions en matière d’IPM ont été lentes et le soutien fait cruellement défaut, selon la Cour des comptes de l’UE, qui a conclu en février 2020 que les progrès avaient été limités. dans la mesure et la réduction des risques associés.

La proposition de Wiener

Le rapport de Wiener souligne que les actions requises pour réduire l’utilisation des pesticides « pourraient ne pas être suffisamment couvertes par les dépenses de la PAC », et qu’à ce titre, « des solutions alternatives sont nécessaires ».

Soulignant qu’un budget financier suffisant est « crucial pour la mise en œuvre de la SUR », le projet de proposition propose donc que les pays de l’UE introduisent une taxation basée sur les risques sur les produits phytopharmaceutiques, par des contributions des détaillants, ou par des astreintes, pour assurer  » des ressources financières adéquates sont mises à la disposition des autorités compétentes ».

Cette taxe sur les pesticides alimenterait ensuite un fonds public qui pourrait être utilisé pour « favoriser la mise en œuvre et l’adoption de la lutte intégrée contre les ravageurs et rendre les mesures connexes plus attrayantes pour les agriculteurs », par exemple en prévoyant des compensations en cas de perte de revenu avérée.

Le rapport soutient que la création d’un tel fonds « conduirait automatiquement à une réduction de l’utilisation des pesticides » tout en fournissant des fonds pour la mise en œuvre du règlement et une compensation adéquate pour les agriculteurs.

Le rapport ajoute que le principe du « pollueur-payeur » devrait également être intégré dans les mesures fiscales conformément aux appels des citoyens de l’UE.

Les États membres critiquent les plans de la Commission visant à réduire l’utilisation des pesticides

Les États membres de l’UE ont appelé à une nouvelle évaluation d’impact sur la proposition de la Commission européenne visant à réduire l’utilisation et les risques des pesticides, invoquant des préoccupations concernant la sécurité alimentaire et la résilience, mais l’exécutif européen est resté ferme dans ses convictions.

Modèles UE

Le projet de document note que plusieurs autres États membres ont également déjà établi des taxes sur les pesticides.

Le concept de cette nouvelle taxe à l’échelle de l’UE s’inspire du modèle danois de taxation, qui s’est révélé être un « exemple réussi » d’une taxe sur les pesticides qui a permis de réduire la charge globale de pesticides dans le pays en 18 % des années précédant l’introduction de la taxe (2012 et 2013) à 2016 et 2017.

Afin d’éviter une distorsion du marché intérieur, le rapporteur propose que les règles de taxation des pesticides soient harmonisées afin de contribuer à la collecte de fonds pour la mise en œuvre de ce règlement et d’offrir la possibilité d’indemniser les agriculteurs.

Pour ce faire, le rapporteur a appelé la Commission à présenter un « rapport analysant différentes options d’introduction de taxes ou de prélèvements sur les pesticides basés sur les risques dans tous les États membres de l’UE ou au niveau de l’UE et à faire suivre d’une proposition législative ».

Le rapport est susceptible de subir une série de changements dans le processus de recherche de compromis entre les différents groupes politiques et commissions parlementaires, mais donne une idée de la réflexion actuelle du Parlement et de ce à quoi pourrait ressembler sa position dans les discussions interinstitutionnelles avec la Commission et les États membres.

Pour sceller un accord de compromis final, le Parlement européen devra entamer des négociations avec les ministres de l’UE, ces derniers ayant récemment poussé à une nouvelle évaluation d’impact au milieu des inquiétudes suscitées par le manque de données pour étayer la proposition de la Commission dans une démarche fustigée par les groupes écologistes. comme tactique dilatoire.

Si la balle est dans le camp des deux législateurs européens, le rôle de la Commission ne semble pas terminé.

Lors d’un récent événement sur la proposition SUR, la directrice adjointe du service de sécurité alimentaire de la DG SANTE de la Commission européenne, Claire Bury, a déclaré que l’exécutif européen « examinera d’autres aspects » de la proposition, par exemple, des « mesures d’accompagnement » pour soutenir l’information autour de l’IPM .

[Edited by Nathalie Weatherald]





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