Un chapitre reste ouvert


Statut : 13/12/2022 21h43

Deux fois 18 ans de prison, une fois douze ans – les peines pour les complices de l’attentat de Nice avec 86 morts sont élevées. Les avocats des victimes se sont dits satisfaits des verdicts, mais certaines questions restent sans réponse.

Par Cai Rienäcker, ARD Studio Paris

Lorsque les cinq juges prononcent le verdict, ce sont des applaudissements spontanés dans le hall du Palais de justice de Paris : Dix-huit ans de prison pour les deux principaux accusés, c’est plus que ne l’avaient prévu de nombreux représentants de victimes et proches.

Caroline Villani aussi. Elle a été surprise et très émue : « J’ai perdu quatre personnes ce soir-là, dont mon fils. Et c’est pour eux, pour que ce qui s’est passé là-bas soit reconnu. Et cette fois, la justice humaine a bien joué son rôle, j’en conviens. »

Les accusés ont aidé à espionner

Les juges ont estimé qu’il était prouvé que deux des trois principaux accusés non seulement connaissaient personnellement l’auteur, mais étaient également coupables d’appartenance à une organisation terroriste. Ils ont aidé l’assassin à emprunter le camion, ont pris des photos avec le camion de 19 tonnes et ont parcouru à plusieurs reprises la route de la mort sur la promenade de la mer à Nice.

« Je prends acte de ce verdict avec une grande satisfaction », a déclaré l’avocat des victimes Philippe Soussi. Le tribunal n’a pas hésité à se rapprocher de la peine maximale des deux principaux accusés. « Quand vous considérez la nature horrible du crime, c’est tout à fait correct. »

Les juges voient un lien avec la vague de terreur à l’époque

Le parquet n’avait demandé que 15 ans au lieu des 18 ans désormais imposés dans leurs réquisitions. Le facteur décisif dans la peine plus lourde prononcée par les juges a été la référence claire à la vague de terreur en France à l’époque. Selon les juges, l’assassin qui a été abattu était également clairement motivé par le terrorisme. Un lien avec des organisations djihadistes telles que l’EI « État islamique » n’a pas pu être déterminé, bien que l’EI ait revendiqué la responsabilité de l’attaque.

Un troisième prévenu principal a été condamné à douze ans. Il a fourni le pistolet que l’assassin a utilisé contre les policiers français alors qu’il était encore dans le camion. Cinq autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois à huit ans de prison. Ils ne connaissaient pas personnellement l’auteur, mais étaient coupables de trafic d’armes.

« C’est un tel trou »

Pour la plupart des victimes et leurs proches, ce verdict clôt un important chapitre personnel. Une centaine d’entre eux s’étaient rendus au procès à Paris, d’autres ont pu suivre le verdict en direct depuis le lieu de l’assassinat à Nice. Patrick Prigent était également sur place à Paris. Le 14 juillet 2016, il échappe de justesse au camion à Nice.

« Nous partirons également d’ici avec de nombreuses questions », a-t-il déclaré. « On a eu des réponses sur des faits, d’autres pas. C’est un tel trou, un vide qu’on ressentira après. »

Critique de la sécurisation des célébrations

Un chapitre qui reste ouvert après le verdict du procès pénal est celui des mesures de sécurité sur place. On ne cesse de critiquer la sécurisation des célébrations de la fête nationale à Nice, alors que les attentats terroristes contre le magazine satirique Charlie Hebdo et les attentats du Bataclan avaient déjà agité la société française. Des barrières en béton qui avaient été précédemment installées à Nice pour le Championnat d’Europe de football avaient été supprimées.

Avec le verdict qui vient d’être prononcé dans le procès de l’attentat de Nice, l’importante procédure judiciaire de traitement des années de terreur de 2015 et 2016 en France est désormais considérée comme terminée.

Beau processus : les représentants des victimes positivement surpris par les lourdes sanctions

Cai Rienäcker, ARD Paris, 13/12/2022 21h23



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