Un combattant adolescent ne regrette rien malgré l’épreuve ukrainienne


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Grojec (Pologne) (AFP) – L’adolescent biélorusse Gleb Gunko a quitté la ligne de front en Ukraine avec des éclats d’obus dans les jambes, des cauchemars constants et un trouble de stress post-traumatique – mais aucun regret de s’être porté volontaire pour combattre les Russes.

« Je voulais rester mais le médecin a dit non », a déclaré le jeune homme de 18 ans. « J’y ai perdu beaucoup d’amis. Mon commandant aussi. »

Le natif de Minsk à la voix douce fait partie des nombreux Biélorusses ordinaires qui, contrairement à leur chef aligné sur le Kremlin, ont choisi de mettre leur vie en jeu pour défendre l’Ukraine.

« Avant la guerre, je pensais que j’étais en paix avec le fait que la mort est la mort et que tout le monde finit par mourir. Mais c’était trop », a-t-il déclaré à l’AFP à Grojec, en Pologne, où il vit désormais en exil.

Lorsque l’AFP s’est entretenu pour la première fois avec Gunko début mars, le jour où il est parti à la guerre, il a déclaré qu’il s’était porté volontaire pour « se battre pour l’Ukraine mais aussi pour se battre pour la Biélorussie ».

« Parce que notre liberté dépend aussi de la situation là-bas. »

Gunko, dont les jointures sont tatouées des mots « Born Free », a quitté son pays natal en 2020 après que le président biélorusse Alexandre Loukachenko a lancé une répression féroce contre ses opposants.

Le dirigeant vétéran, qui est au pouvoir depuis des décennies, s’est depuis attiré la condamnation internationale pour avoir activement soutenu et permis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Même s’il est opposé au régime de Minsk, Gunko a déclaré qu’il se sent toujours responsable en tant que citoyen biélorusse de ce qui se passe.

Culpabilité

« Je suis coupable du fait que des roquettes sont tirées sur Kyiv depuis la Biélorussie. Je me sens coupable à ce sujet », a-t-il déclaré.

L’adolescent Gleb Gunko montre ses tatouages ​​​​aux articulations « Born Free » avant de rejoindre le combat en Ukraine Pavel KRITCHKO AFP/Dossier

« J’aurais pu faire plus », a-t-il ajouté à propos de son séjour de quatre mois en Ukraine, qui s’est terminé en juillet.

Gunko est allé à la guerre par le biais de la Fondation de la maison biélorusse à Varsovie, qui aide les volontaires biélorusses à se rendre en Ukraine pour combattre.

« Les Biélorusses ne peuvent pas aider l’Ukraine avec des armes (…) mais ils ne peuvent pas rester à l’écart, alors ils vont se battre pour l’indépendance de (notre) pays frère », a déclaré le groupe sur Facebook.

Après son arrivée en Ukraine, Gunko a reçu deux semaines d’entraînement militaire. Il a ensuite combattu aux côtés d’autres volontaires internationaux à Kyiv ainsi que dans les tranchées autour de Kherson.

Il a dit avoir vu de nombreux civils morts à Bucha, la banlieue de Kyiv où des centaines de corps ont été découverts après que l’armée russe a été chassée en mars.

« Nous arrivions en voiture et j’ai vu des enfants à un arrêt de bus… Un enfant fait signe de la main, sourit et je vois que juste à côté, il y a une personne allongée sans tête », a déclaré Gunko.

« C’était dur », a-t-il ajouté.

Il a rappelé d’autres moments traumatisants, comme avoir été coincé pendant des heures sous le feu du canon d’un véhicule de combat russe BMP-3, avec des éclats d’obus d’une explosion toujours logés dans ses membres.

Il a également vu les troupes russes abattre un tireur d’élite britannique volontaire à l’extérieur de Kherson, un camarade dont il a ensuite aidé à transporter le corps.

« Trop trop »: l’adolescent biélorusse Gleb a été marqué par son expérience en première ligne Pavel KRITCHKO AFP/Dossier

Visiblement plus mince et plus discret que lorsqu’il est parti à la guerre, Gunko a raconté ses expériences à l’AFP sur un banc de parc à Grojec, la ville située juste au sud de Varsovie où il mène une vie tranquille depuis son retour en juillet.

« L’armée fait de vous une meilleure personne », a déclaré l’adolescent, qui portait sa tenue de combat pour l’entretien. « J’ai changé, oui. Tout le monde le dit. Je suis calme. Je réfléchis beaucoup », a-t-il ajouté.

« C’est comme à la guerre. J’observe les gens, j’attends de voir ce qui se passe. Et je suppose que je m’attends à ce que ce soit mauvais. »



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