Il est temps de mettre fin à la pratique de la rétention de l’aide humanitaire en tant qu’arme de guerre.

Accès humanitaire : pourquoi les obstacles augmentent et ce que l’Union européenne peut faire

Le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire a atteint un niveau record de 339 millions. Malheureusement, les obstacles à l’accès humanitaire augmentent, ce qui rend plus difficile que jamais aux organisations comme l’IRC (International Rescue Committee) d’atteindre les plus vulnérables. Ce n’est pas un sujet qui fait souvent la une des journaux, pourtant il est de plus en plus urgent de s’attaquer aux complexités de la restriction de l’aide humanitaire comme une arme de guerre délibérée, tant par des acteurs étatiques que non étatiques, et de trouver des solutions pour améliorer l’accès à l’aide.

L’impact sur les personnes dans le besoin humanitaire est immense. En 2022, des millions de personnes dans plus de 80 pays n’ont pas pu recevoir d’aide en raison de contraintes d’accès, et plus de 300 travailleurs humanitaires ont été attaqués, soit une augmentation de 50 % par rapport à la moyenne sur 10 ans. En outre, le risque d’enlèvement, d’intimidation et de meurtre des travailleurs humanitaires est plus réel que jamais, nos collègues de l’IRC et d’autres organisations risquent d’être kidnappés, menacés, arrêtés et même tués alors qu’ils cherchent à fournir une aide vitale.

L’accès humanitaire doit être une priorité

Le refus de l’aide humanitaire est complexe, multiforme et sous-reconnu, mais il est urgent d’y remédier pour sauver des vies et empêcher les crises humanitaires de s’aggraver ou de devenir incontrôlables. En effet, lorsque l’aide humanitaire parvient à atteindre les personnes menacées par la faim et la famine, elle peut sauver des vies et empêcher les crises humanitaires de s’aggraver ou de devenir incontrôlables. Début 2022, l’Afghanistan, qui a vu les talibans reprendre le contrôle, faisait face à une situation désastreuse avec environ 6 millions de personnes au bord de la famine. Grâce à l’engagement des donateurs internationaux qui ont mis en place des exemptions clarifiant les sanctions, l’IRC et d’autres acteurs humanitaires ont fourni de la nourriture et de l’aide à quelque 21,5 millions de personnes. Bien que la situation humanitaire en Afghanistan reste désastreuse, ces actions ont empêché le pays de sombrer dans la famine.

Les contraintes à l’accès humanitaire doivent être surmontées

Les contraintes à l’accès humanitaire reflètent également l’évolution des dynamiques géopolitiques et politiques dans les pays touchés par les crises. L’inquiétude est concentrée sur les réfugiés, les migrants et les personnes déplacées, notamment en Lybie où la dégradation du contexte sécuritaire provoque une augmentation du nombre de personnes qui se trouvent bloquées dans le pays. La prolifération des groupes armés non étatiques signifie qu’il y a désormais plus d’acteurs avec lesquels les humanitaires peuvent négocier que jamais auparavant. Cependant, ces groupes se méfient parfois du travail humanitaire ou ignorent les engagements des organisations humanitaires en matière d’indépendance et d’impartialité.

Propositions pour l’action

Il est essentiel que des changements soient mis en place pour garantir que l’aide humanitaire puisse être fournie rapidement et efficacement sans crainte de représailles et pour protéger le travail humanitaire vital de la politique des États membres. Trois étapes clés doivent être suivies :

1. La création d’une organisation pour la protection de l’accès humanitaire qui pourrait entreprendre des missions d’enquête et des rapports systématiques sur les barrières imposées dans le monde. Cela éliminerait la politique des négociations d’accès et aiderait à protéger le travail humanitaire vital de la politique des États membres, y compris ceux qui perpétuent les contraintes d’accès.

2. L’UE et la communauté internationale doivent placer l’accès au cœur de leurs efforts de diplomatie humanitaire. Cela comprend l’engagement avec les États et si possible, le travail sur le terrain avec des acteurs non étatiques pour obtenir des engagements en faveur de la promotion et de la protection de l’accès humanitaire.

3. L’UE peut jouer un rôle essentiel pour combler le fossé entre les organisations de la société civile et les acteurs du conflit. Soutenir les ONG nationales et internationales avec un soutien financier et une formation afin qu’elles puissent négocier l’accès à leurs propres conditions contribuera à garantir que l’aide peut être fournie à ceux qui en ont le plus besoin.

En conclusion, il est essentiel que les dirigeants de l’UE saisissent l’opportunité de l’EHF pour faire avancer les choses en vue de surmonter ces obstacles. Si nous ne parvenons pas à empêcher la situation de se détériorer davantage, le nombre de personnes dans le besoin humanitaire augmentera encore l’année prochaine, et davantage d’humanitaires perdront la vie en cherchant à les soutenir.

Source link -57