La BCE met en garde contre une « récession imminente » alors qu’elle relève à nouveau ses taux


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Francfort (AFP) – La Banque centrale européenne a annoncé jeudi une nouvelle hausse des taux d’intérêt et a déclaré que de nouvelles hausses suivraient pour lutter contre la flambée de l’inflation, alors même que sa présidente, Christine Lagarde, a averti qu’une récession dans la zone euro se profilait.

Le conseil des gouverneurs de la BCE, composé de 25 membres, a répété la décision sans précédent du mois dernier et a opté pour une nouvelle augmentation exceptionnelle de 75 points de base, laissant ses trois principaux taux dans une fourchette comprise entre 1,5 et 2,25 %.

« Nous aurons d’autres augmentations de taux à l’avenir », a déclaré Lagarde. « Il y a encore du terrain à couvrir. »

L’institution de Francfort est sous pression pour contenir une inflation record, principalement tirée par la flambée des prix des aliments et surtout de l’énergie à la suite de la guerre de la Russie en Ukraine.

L’inflation de la zone euro s’est établie à 9,9 % en septembre, près de cinq fois l’objectif de 2 % de la BCE.

L’inflation « reste beaucoup trop élevée » dans le club monétaire des 19 nations, a déclaré Lagarde.

Comme d’autres banques centrales, la BCE riposte avec une série de hausses de taux destinées à freiner la demande en rendant le crédit plus cher pour les ménages et les entreprises.

Mais la hausse des coûts d’emprunt pèse également sur l’activité économique et les perspectives de la zone euro se sont nettement détériorées.

« La probabilité d’une récession (se) se profile beaucoup plus à l’horizon », a déclaré Lagarde lors d’une conférence de presse.

Et l’inflation pourrait aller « plus haut que prévu s’il y a des augmentations des prix de l’énergie et des denrées alimentaires », a-t-elle ajouté.

« De toute évidence, nous sommes préoccupés, en particulier par ceux qui ont de faibles revenus », a déclaré Lagarde.

Grogne politique

La décision de Moscou de limiter l’approvisionnement en gaz de l’Europe a déclenché une crise énergétique sur le continent, alimentant les craintes de pénuries d’électricité et de factures de chauffage exorbitantes cet hiver.

Si la Russie coupe complètement les flux de gaz vers l’Europe, l’économie de la zone euro pourrait se contracter de près d’un pour cent en 2023, a récemment averti le vice-président de la BCE, Luis de Guindos.

Ce scénario est devenu plus probable après que la Russie a fermé fin août le pipeline crucial Nord Stream 1 vers la puissance économique européenne, l’Allemagne.

Alors que les gouvernements européens s’empressent de dévoiler des mesures de soutien de plusieurs milliards d’euros pour aider les citoyens à traverser une crise du coût de la vie cet hiver, le resserrement de la politique monétaire de la BCE a fait l’objet d’un examen minutieux.

Le Premier ministre italien Giorgia Meloni a critiqué cette semaine le « choix téméraire » de la BCE de relever les taux de manière agressive, affirmant que cela créait « de nouvelles difficultés pour les États membres qui ont une dette publique élevée ».

Le président français Emmanuel Macron s’est dit « préoccupé » par le fait que la BCE « brise la demande » en Europe.

Mais Lagarde a riposté à la critique.

« La décision que nous avons prise aujourd’hui est la plus appropriée pour rétablir la stabilité des prix, qui (…) est d’une importance cruciale non seulement pour la stabilité des prix mais aussi pour que l’économie prospère et se redresse réellement », a-t-elle déclaré.

L’ancien ministre français des Finances a également mis en garde les gouvernements contre l’augmentation de leur dette alors qu’ils tentent de protéger les citoyens des chocs de prix.

« Les gouvernements devraient poursuivre des politiques budgétaires qui montrent qu’ils sont déterminés à réduire progressivement les taux d’endettement publics élevés », a déclaré Lagarde, soulignant que les décideurs politiques devraient choisir des mesures « temporaires et ciblées sur les plus vulnérables ».

Excès de liquidité

Jeudi, les efforts de la BCE pour aligner d’autres leviers de politique monétaire sur ses efforts de lutte contre l’inflation, y compris le dénouement de son bilan massif, ont également été au centre des préoccupations.

Le conseil des gouverneurs a décidé de réduire les avantages tirés par les banques de la zone euro des prêts super bon marché émis à des taux ultra-bas pendant la pandémie.

Le taux d’intérêt des prêts dits TLTRO III augmenterait, a indiqué la BCE, et les prêteurs se verront proposer « des dates supplémentaires de remboursement anticipé volontaire ».

Les prêteurs sont actuellement en mesure de réaliser un profit facile en garant leur trésorerie TLTRO excédentaire à la BCE et en empochant le nouveau taux de dépôt plus élevé.

Ce n’est pas considéré comme un bon aperçu à un moment où de nombreux consommateurs et entreprises sont en difficulté, et la BCE avait signalé qu’elle souhaitait rendre le programme de prêts moins généreux.

Lagarde a également été interpellée par les journalistes sur la façon dont la BCE a l’intention de réduire son portefeuille obligataire de cinq billions d’euros, après des années passées à aspirer la dette des gouvernements et des entreprises pour maintenir le crédit.

Compte tenu de l’incertitude économique et du risque de secouer les marchés financiers, les analystes estiment que le début de tout « resserrement quantitatif » – laisser les obligations mûrir ou les vendre activement – ​​est encore loin.

Lagarde a déclaré que le sujet serait discuté lors de la prochaine réunion en décembre.



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