La gauche française enterre les divisions pour s’unir contre la réforme des retraites, pour l’instant


Les partis de gauche français diffèrent généralement sur la stratégie politique, mais lorsqu’il s’agit du projet de réforme des retraites, le camp de gauche, regroupé dans l’alliance NUPES, est uni contre le projet de loi du gouvernement. D’autres sujets sur lesquels ils s’accordent incluent la justice sociale, l’écologie, la place des femmes dans la société ou une fiscalité plus redistributive.

Certains sujets plus clivants ont été exclus des accords électoraux signés avant les législatives de juin dernier. Il s’agit principalement des relations avec l’Union européenne, de la laïcité, de l’énergie nucléaire et des alliances internationales – en particulier l’OTAN.

Cette prise de position cohérente contre la réforme des retraites n’est-elle qu’une façade ou l’expression d’une unité fondamentale ?

Débats sur la direction du NUPES

L’alliance de gauche formée pour l’élection de juin a toujours été dominée par La France Insoumise et son chef Jean-Luc Mélenchon. Cependant, ce leadership est de plus en plus contesté dans les rangs du NUPES.

Lors des différents congrès du Parti socialiste (PS), du Parti communiste français (PCF) et d’Europe Ecologie les Verts (EELV), les débats ont porté sur le fonctionnement de la NUPES, et les résultats ont confirmé cette tendance.

Chez EELV, les principaux candidats ont privilégié l’alliance avec la gauche. Mais Mélissa Camara, qui a même plaidé pour « l’ancrage [the party] dans la NUPES » et n’excluait pas une liste commune pour les élections européennes de 2024, était largement dépassée en nombre par Marine Tondelier et Sophie Bussière, toutes deux plus réticentes à un rapprochement plus étroit.

En effet, dès son élection, Tondelier a souligné que son parti se présenterait seul aux élections européennes. « Nous voulons une Europe plus fédérale », a-t-elle souligné, ciblant ceux pour qui « ces questions paraissent secondaires » – notamment LFI.

Au Parti communiste, Fabien Roussel a recueilli plus de 80 % des voix avec une ligne opposée à la structure actuelle de la NUPES et assez critique envers LFI.

Un cadre du parti a admis à EURACTIV que « la crainte de l’hégémonie de LFI est tout à fait légitime ». Cependant, il a souligné que l’unité reste essentielle, compte tenu de l’état actuel de la gauche et du PCF.

L’entourage de Roussel convient que l’unité est en effet indispensable mais insiste sur une meilleure représentation du PCF dans les médias et les sondages pour « mettre fin à l’effacement du PCF, notamment derrière LFI ».

Ces deux positions s’affrontent également au Congrès socialiste, au point que les rumeurs d’éclatement du parti se répandent rapidement. La principale question de division était la NUPES et l’alliance avec le parti de Mélenchon.

Olivier Faure a été réélu à la tête du parti mais a dû faire place à la direction à ses concurrents Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy. Mayer-Rossignol, devenu premier secrétaire adjoint du PS, souhaite que le parti soit « allié mais pas aligné » avec LFI et la NUPES.

En réalité, pour les parlementaires et les militants des partis, la question du rapport de force est plus importante que l’idée d’un syndicat. Les plus opposés à la NUPES, parmi les verts et les socialistes, n’ont pas recueilli beaucoup de soutien et ont reculé par rapport aux congrès précédents.

La gauche française toujours divisée sur l’Europe

La gauche française, désormais la plus forte opposition face à la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron lors des élections législatives de cette année prévues pour dimanche (19 juin), reste divisée sur les questions liées à l’Union européenne.

Méfiance envers LFI chez les sympathisants socialistes et écologistes

Ces tendances s’observent également chez les supporters.

Dans une note publiée fin janvier, le directeur de l’Observatoire d’opinion de la Fondation Jean-Jaurès, Antoine Bristielle, notait qu’une majorité de socialistes « désapprouvent le comportement de LFI à l’Assemblée nationale » (55%) et considèrent les avis d’opposition poussés par leur allié « trop radical » (61 %).

En attendant, une grande majorité des sympathisants d’EELV et du PS (respectivement 77% et 79%) considèrent que des « compromis » sont possibles avec le gouvernement et refusent d’être une opposition constante, a souligné Bristielle. Chez les sympathisants de LFI, cette idée n’est pas aussi largement acceptée (52% contre 48%).

Par ailleurs, un électeur socialiste sur deux pense que LFI « attise la violence » (56 %) et que le mouvement de Mélenchon est même « dangereux pour la démocratie » (51 %). Les verts sont moins radicaux mais partagent ce point de vue, et tous les indicateurs ont augmenté d’une année sur l’autre.

Contacté par EURACTIV, un député LFI a rejeté l’idée que son groupe parlementaire était à blâmer. Le député a également refusé d’admettre que Mélenchon, qui n’est plus député, ait contribué aux prétendues tensions au sein de la NUPES, ajoutant que les différents partis de la NUPES communiquent bien.

« La bataille des retraites nous a tous réunis et rapprochés », a ajouté le député LFI, se disant optimiste sur le fait que l’opposition frontale de son parti au gouvernement permettra d’écarter les divergences et de permettre aux partis de gauche de se concentrer sur les problèmes auxquels ils sont confrontés. France.

Cependant, des tensions risquent de resurgir prochainement au sein de la NUPES. Outre les débats internes au sein de LFI, les prochaines élections européennes de mai 2024 pourraient à nouveau scinder l’alliance.

Décryptage de la réforme des retraites françaises

Âge légal, régimes spéciaux de retraite, pénibilité… Alors que le projet de loi de réforme des retraites est débattu à l’Assemblée nationale avant de passer au Sénat le 20 février, EURACTIV France a analysé et résumé le texte proposé par le gouvernement.

[Edited by Anna Martino/Zoran Radosavljevic]





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