La réunion cruciale de l’ONU sur la biodiversité cherche à sauver la «planète en crise»


Paris (AFP)- Des délégués de près de 200 pays se réunissent à Montréal la semaine prochaine pour élaborer un nouvel accord mondial sur la biodiversité afin de protéger les écosystèmes et les espèces d’une nouvelle destruction humaine.

La réunion fait suite à des pourparlers cruciaux sur le changement climatique en Égypte en novembre, où les dirigeants n’ont réussi à faire aucune percée sur la réduction des combustibles fossiles et la réduction des émissions qui réchauffent la planète.

Les observateurs espèrent que les pourparlers sur la biodiversité de la COP15 à Montréal déboucheront sur un accord historique pour protéger la nature et inverser les dommages causés par les humains aux forêts, aux zones humides, aux cours d’eau et aux millions d’espèces qui y vivent.

Environ 50% de l’économie mondiale dépend de la nature, mais les scientifiques avertissent que l’humanité doit repenser radicalement – et de toute urgence – sa relation avec le monde naturel alors que les craintes d’une sixième ère d’extinction massive augmentent.

« Notre planète est en crise », a déclaré Elizabeth Maruma Mrema, chef de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB), lors d’un briefing avant les pourparlers, ajoutant qu’un accord mondial sur la biodiversité était « crucial pour garantir que l’avenir de l’humanité sur la planète Terre est soutenue ».

Jusqu’à présent, l’humanité s’est montrée lamentable à ce sujet.

Le soi-disant cadre de biodiversité post-2020, retardé de deux ans en raison de la pandémie, tracera un plan officiel pour la nature jusqu’au milieu du siècle pour la plupart des pays, à l’exception des États-Unis, qui n’ont pas signé.

Il comprendra des objectifs clés à atteindre d’ici 2030.

Mais cela survient après que les pays n’ont pas atteint un seul des objectifs fixés pour la décennie précédente.

Indice Planète Vivante 2022 © Julia Han JANICKI / AFP

Avec de nouvelles règles affectant des secteurs économiques clés – y compris l’agriculture, la foresterie et la pêche – et couvrant tout, de la propriété intellectuelle à la pollution et aux pesticides, les délégués sont aux prises avec un éventail de points de friction.

Jusqu’à présent, seuls deux des 22 objectifs du nouvel accord ont été convenus.

« Nous devons admettre que le succès n’est pas garanti », a déclaré une source européenne proche des pourparlers. « Nous avons une situation très difficile devant nous. »

– Bataille financière –

Bien que la Chine préside actuellement la COP15, elle n’organise pas la réunion de cette année en raison de la pandémie en cours.

Elle se tiendra plutôt du 7 au 19 décembre à Montréal, siège du CBD, qui chapeaute les négociations.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, est le seul dirigeant mondial présent. Le président chinois Xi Jinping n’a pas dit qu’il rejoindrait, et aucune des deux parties n’a invité d’autres dirigeants à venir, le temps presse rapidement.

Les observateurs craignent que l’absence des dirigeants ne sape l’élan des négociations et ne fasse échouer un accord final ambitieux.

Des divisions sont déjà apparues sur la question clé du financement, les pays riches étant sous pression pour acheminer plus d’argent vers les pays en développement pour la conservation.

Environ 50 % de l'économie mondiale dépend de la nature
Environ 50 % de l’économie mondiale dépend de la nature © Ed JONES / AFP

Un groupe de pays en développement, dont le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Indonésie, a appelé cette année les pays riches à fournir au moins 100 milliards de dollars par an – passant à 700 milliards de dollars par an d’ici 2030 – pour la biodiversité.

Mais de nombreux pays occidentaux hésitent à créer un fonds distinct pour la nature.

Actuellement, la plupart des fonds pour la biodiversité destinés au monde en développement proviennent de mécanismes de financement existants, qui incluent souvent également des financements climatiques.

Un autre combat se prépare sur la question de la « biopiraterie », de nombreux pays, principalement africains, accusant les nations riches de piller le monde naturel pour les ingrédients et les formules utilisés dans les cosmétiques et les médicaments, sans partager les bénéfices avec les communautés dont ils sont issus.

– Droits autochtones –

L’un des objectifs fondamentaux qui a reçu un large soutien est l’objectif 30 x 30 – un engagement à protéger 30 % des terres et des mers d’ici 2030. Seuls 17 % des terres et environ 7 % des océans étaient protégés en 2020.

Jusqu’à présent, plus de 100 pays soutiennent officiellement l’objectif, selon la High Ambition Coalition, soutenue par l’UE, qui suit l’objectif.

Le nouvel objectif dépendra fortement de la participation des peuples autochtones, qui gèrent les terres qui abritent environ 80% de la biodiversité restante de la Terre, selon un rapport historique des Nations Unies sur les impacts du changement climatique cette année.

« Cela ne fonctionnera pas si les peuples autochtones ne sont pas pleinement inclus », a déclaré à l’AFP Jennifer Tauli Corpuz de l’association Nia Tero.

« Nous perdons complètement l’intégrité du document », a ajouté Corpuz, qui fait partie du caucus indigène aux pourparlers.

Autres éléments du cadre : élimination ou redirection de centaines de millions de dollars en subventions gouvernementales nuisibles ; promouvoir une agriculture et une pêche durables, réduire les pesticides; la lutte contre les espèces envahissantes et le reboisement.

Le nouvel accord mondial sur la biodiversité vise à protéger les écosystèmes et les espèces d'une nouvelle destruction humaine
Le nouvel accord mondial sur la biodiversité vise à protéger les écosystèmes et les espèces d’une nouvelle destruction humaine © MARTIN BERNETTI / AFP

Mais la mise en œuvre est peut-être le point le plus crucial de l’ordre du jour pour s’assurer que les promesses faites sont effectivement tenues par les gouvernements.

« Nous avons besoin d’objectifs et de cibles mesurables et ils doivent être liés à des indicateurs clairs », a déclaré la source de l’UE, appelant à « un suivi, une planification, des rapports et un examen solides ».



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