L’Allemand Scholz résiste aux chocs au cours d’une première année mouvementée


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Francfort (Allemagne) (AFP) – Une guerre dans son jardin, une crise économique galopante et des partenaires mécontents au pays et à l’étranger – le chancelier allemand Olaf Scholz a résisté à des chocs sans précédent au cours de sa première année, tout en luttant pour s’imposer sur la scène mondiale.

L’ex-ministre des Finances a pris ses fonctions en promettant une continuité avec l’ère d’Angela Merkel, qui a mis fin à ses 16 ans de chancellerie en figure largement respectée.

Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’a forcé à déchirer les axiomes d’après-guerre de l’Allemagne et à tracer de nouvelles orientations économiques, de défense et géopolitiques pour le pays qui apprécie – et est apprécié pour – sa stabilité et sa prévisibilité.

« Jamais auparavant nous n’avions eu un gouvernement confronté à une situation aussi dramatiquement détériorée, en matière de politique étrangère et de sécurité, mais aussi bien sûr de politique énergétique », a déclaré à l’AFP la politologue Ursula Muench.

La coalition de Scholz composée de ses sociaux-démocrates et de ses partenaires les Verts et les libéraux du FDP avait pris ses fonctions en planifiant des politiques climatiques ambitieuses et des restrictions budgétaires.

Mais alors que Moscou réduisait ses approvisionnements énergétiques à la suite de la guerre, l’Allemagne a dû suspendre sa sortie nucléaire prévue, redémarrer des centrales au charbon mises sous cocon tout en brûlant un trou budgétaire dans une mêlée de pétrole et de gaz pour remplacer les approvisionnements russes.

Et à un tournant pour un pays dont le rôle sur la scène mondiale était encore affecté par les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, Scholz a annoncé un changement historique en matière de défense, promettant de réarmer l’Allemagne avec une augmentation massive des dépenses militaires.

« D’après les événements dramatiques de cette année, il s’en est plutôt bien sorti », a déclaré Nils Diederich, politologue à l’Université libre de Berlin.

Tournant

Mais Rachel Rizzo, chercheuse principale au groupe de réflexion américain Atlantic Council’s Europe Center, a averti que perdre de l’élan était un danger, même si la réponse initiale était « impressionnante ».

« Je pense que le fait de ne pas pouvoir respecter les engagements en matière de défense et de sécurité est une préoccupation », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Non seulement l’Allemagne essaie de reconstituer ses propres stocks militaires, mais elle fait face à une pression intense de la part de l’Ukraine pour qu’elle livre ce qu’elle doit aider dans la riposte contre la Russie.

Les dépenses de défense sont élevées à un moment où le Trésor est également pressé d’aider à amortir un choc des prix alimenté par la crise énergétique.

L’Allemagne fait face à une pression intense de la part de l’Ukraine pour fournir ce qu’elle doit aider dans la riposte contre la Russie © Sergei SUPINSKY / AFP/Dossier

D’énormes investissements sont également nécessaires pour que le géant de l’exportation gère une transformation économique de la dépendance à l’égard de l’énergie russe bon marché ou des composants chinois vers une approche diversifiée.

Et gouverner dans une coalition à trois signifie que la résolution de chaque défi implique inévitablement des querelles qui pourraient démêler le fragile partenariat.

Le gouvernement Scholz a réussi à mettre en œuvre une partie de son programme, notamment l’augmentation du salaire minimum et la réforme des allocations de chômage.

Mais avec une myriade de crises qui ne disparaissent pas, les cotes de popularité du chancelier ont plongé. Un sondage publié en août suggérait que 62% des Allemands avaient une opinion défavorable de lui, contre environ 39% en mars.

‘Faire cavalier seul’

En plus des désaccords dans le pays, il y a eu des tensions avec des partenaires à l’étranger.

Les alliés de l’Union européenne étaient mécontents que Scholz ait annoncé un fonds énergétique massif de 200 milliards d’euros (207 milliards de dollars) sans les consulter au préalable, se plaignant qu’il aurait dû se concentrer sur l’élaboration de mesures à l’échelle de l’UE.

Des tensions sont également apparues dans la relation clé entre Berlin et Paris sur des questions allant du fonds énergétique aux plans allemands d’approvisionnement en matière de défense.

Contrairement à Merkel, qui, à son époque, était largement respectée comme la voix avec laquelle il fallait compter en Europe, Scholz n’a jusqu’à présent pas réussi à jouer ce rôle sur la scène internationale.

Le départ de Merkel « a laissé un vide », a déclaré Eric Maurice, du bureau bruxellois de la Fondation Robert Schuman.

Des tensions sont apparues dans la relation clé entre Berlin et Paris
Des tensions sont apparues dans la relation clé entre Berlin et Paris © John MACDOUGALL / AFP/Dossier

Scholz « a du mal à s’imposer au niveau européen… Il essaie encore de se repérer, il n’a pas l’expérience de Merkel ».

L’idée que Scholz cherchait à « faire cavalier seul » a été renforcée lorsqu’il a effectué la première visite en Chine d’un dirigeant du G7 depuis le début de la pandémie en novembre, accompagné d’une délégation de chefs d’entreprise allemands.

Le chancelier a été accusé de poursuivre la même politique étrangère mercantiliste et axée sur le commerce des gouvernements allemands précédents, ce qui a conduit à l’épanouissement des liens économiques avec la Russie autoritaire, mais a finalement rendu Berlin vulnérable.

Alors que Scholz entame sa deuxième année à ce poste, de nombreux défis ouverts continueront de l’enchevêtrer.

Les prix élevés de l’énergie resteront un problème majeur, en particulier pour les fabricants allemands avides d’électricité, a déclaré Sudha David-Wilp, directrice du bureau berlinois du groupe de réflexion américain The German Marshall Fund.

« Assurer la compétitivité allemande en raison de l’augmentation des coûts de l’énergie, en particulier pour des industries comme la chimie et la sidérurgie, est le grand défi pour Scholz », a-t-elle déclaré.

Le fonds pour l’énergie « n’est qu’une solution à court terme. Personne ne sait quand les prix de l’énergie vont redescendre aux niveaux d’avant-guerre ».



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