Le Monténégro vote enfin après une longue période d’impasse présidentielle.

Les élections présidentielles au Monténégro : un tournant politique pour le pays

Les Monténégrins ont participé aux élections présidentielles le dimanche 19 mars, opposant le plus ancien dirigeant de la nation adriatique, Milo Djukanovic, à une série de rivaux dans l’espoir de secouer la scène politique du pays. Cette élection fait suite à des mois d’impasse après que le gouvernement a été confronté à un vote de censure en août 2020, mais a continué à régner, déclenchant une vague de protestations et d’appels à des sondages instantanés pour le Parlement.

Les enjeux de l’élection présidentielle

Le président du Monténégro joue un rôle essentiellement cérémoniel, l’essentiel du pouvoir politique revenant au Premier ministre. Néanmoins, Milo Djukanovic reste l’une des personnalités les plus importantes du pays, célèbre pour avoir exercé son pouvoir et son influence à travers le Monténégro pendant des années, depuis qu’il a rompu avec la Serbie et a aidé à superviser son indépendance en 2006. Une défaite aux urnes pour Djukanovic et son parti DPS marquerait le début d’une nouvelle ère politique pour le pays alors qu’il poursuit son adhésion à l’Union européenne – un objectif longtemps recherché qui a été freiné par des réformes à la traîne et une corruption endémique.

Si aucun des sept candidats en lice n’obtient plus de 50 % des voix – un résultat probable – un second tour aura lieu le 2 avril. Djukanovic reste le grand favori avant le concours, mais devra probablement faire face à une concurrence féroce de la part d’Andrija Mandic du Front démocratique pro-russe, de Jakov Milatovic – un jeune économiste du mouvement de plus en plus populaire Europe Now – et du chef des démocrates de centre-droit Aleksa Becic.

Les implications pour la politique étrangère

Les élections présidentielles détermineront également si le Monténégro reste dans le cadre des priorités de politique étrangère établies jusqu’ici ou s’il change sous l’influence russeserbe, a déclaré à l’AFP l’analyste politique Daliborka Uljarevic. Sous la direction de Djukanovic et de son parti, le Monténégro a rejoint l’OTAN, a lancé le processus de négociation pour l’adhésion à l’UE et s’est éloigné de l’influence de la Russie.

Pourtant, le pouvoir de son parti est également associé à une corruption généralisée et à des liens avec le crime organisé, des allégations qu’il nie fermement. Depuis les élections législatives de 2020 – qui ont vu l’emprise du DPS sur le pouvoir s’affaiblir après avoir été battu aux urnes – le pays a pivoté de crise en crise. Pour beaucoup dans le pays de 620 000 habitants, le dysfonctionnement politique prolongé les a laissés désillusionnés par les élections à venir.

Des perspectives pessimistes

« Pour la première fois, je ne participerai pas aux élections. Je suis déçue par le nouveau gouvernement, qui a promis des réformes et une entrée plus rapide dans l’UE », a déclaré à l’AFP Anja, avocate de 32 ans à Podgorica, la capitale, qui a demandé à ne pas donner son nom de famille. « Les jeunes quittent le pays parce qu’ils n’ont aucune perspective ici. »

En fin de compte, l’élection présidentielle représente un tournant potentiel dans l’histoire du Monténégro alors qu’il cherche à se rapprocher de l’UE et à s’éloigner de l’influence de la Russie. Les résultats des élections présidentielles verront-ils les Monténégrins opter pour des réformes plus radicales en matière de politique et de gouvernance ? Ou verrons-nous un régime plus conservateur et soucieux des relations avec la Russie ? Seul l’avenir nous le dira.

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