Les femmes cubaines, enfin, sur un ring de boxe


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La Havane (AFP) – Avec un puissant coup du droit au visage de son adversaire, Elianni Garcia Polledo a remporté samedi le premier match officiel de boxe féminine dans un Cuba fou de sport.

« C’est un résultat historique pour la boxe cubaine », a déclaré l’un des juges par haut-parleur en annonçant la décision « unanime » pour Garcia, de la province de La Havane, contre Reynabell Grant, de Guantanamo. Tous deux ont 27 ans.

Vêtue de rouge et plus courte, Garcia assène inlassablement de puissants coups des deux mains qui frappent à plusieurs reprises le visage, les épaules et le ventre de son adversaire.

C’est-à-dire jusqu’à ce que le coup décisif, au troisième tour, laisse Grant pour le décompte et décide finalement du combat.

C’était le début du premier programme officiel de boxe féminine, ce que de nombreuses femmes et autorités de ce sport attendaient à Cuba, une île qui compte 80 titres mondiaux de boxe et 41 médailles d’or olympiques en boxe, dont le légendaire Teofilo Stevenson.

Enfin, les autorités sportives cubaines ont donné le feu vert aux femmes le 5 décembre.

« C’est un moment auquel nous nous préparons depuis plusieurs années », a déclaré à l’AFP Alberto Puig de la Barca, président de la Fédération cubaine de boxe.

Au final, il y aura 12 femmes – deux pour chaque division, qui seront la présélection de l’équipe pour les jeux d’Amérique centrale à San Salvador, en août 2023 et d’autres événements internationaux.

« Elle (García) a juste continué à travailler l’offensive, cherchant à raccourcir la distance », a déclaré à l’AFP Raul Fernandez, 55 ans, l’un de ses entraîneurs, à la fin du combat.

Garcia, qui dit être venue à la boxe après l’athlétisme, regarde maintenant avec optimisme son avenir dans la boxe.

Une boxeuse cubaine reçoit des instructions lors de la première carte officielle de boxe féminine à La Havane © YAMIL LAGE / AFP

– ‘Doux-amer’ –

« J’ai un sentiment doux-amer, parce que je ne peux pas représenter Cuba », a déclaré à l’AFP Namibia Flores. A 46 ans, elle a six ans de plus que l’âge maximum dans ce sport.

Elianni García Polledo, un combattant de la catégorie de poids de 50 kilogrammes, vu à l'extérieur du ring à La Havane
Elianni García Polledo, un combattant de la catégorie de poids de 50 kilogrammes, vu à l’extérieur du ring à La Havane © YAMIL LAGE / AFP

Mais elle peut être là en dehors du ring : « En ce moment, je suis la seule entraîneuse et j’ai été l’une des premières filles à s’entraîner depuis 2006 », dit-elle.

A 70 ans et déjà à la retraite, Nardo Mestre ne pouvait pas manquer ce moment.

Il a été l’entraîneur de Flores et de nombreuses autres filles pendant près de 30 ans, lorsque, se souvient-il, Alcides Sagarra, le père de l’école de boxe cubaine, est arrivé un après-midi en suggérant la nécessité de former des femmes.

Donc « ça n’a jamais été approuvé. Maintenant, c’est autorisé et je suis déjà à la retraite, mais fier parce que cinq des filles que j’ai formées sont ici aujourd’hui », a-t-il déclaré à l’AFP.

Cuba a une représentation féminine dans tous les sports, y compris l’haltérophilie et la lutte, depuis 2006, mais le dernier bastion du « machisme sportif » a longtemps été insurmontable : laisser les femmes boxer.

La boxe féminine est aujourd’hui pratiquée dans 187 des 202 pays membres de l’International Boxing Association (IBA).

Les femmes ont fait leurs débuts aux Jeux Olympiques de Londres 2012, avec trois divisions.

Il reste à déterminer si Cuba pourrait être représentée par ses femmes lors de la prochaine Coupe du monde de boxe à Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, en mai prochain.



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