Revue Topdog / Underdog – Corey Hawkins triomphe dans la renaissance de Suzan Lori-Parks | Broadway


UNBraham Lincoln a été abattu par John Wilkes Booth. Booth a tué Lincoln. C’est un conte tellement mémorisé, tellement historique, dépouillé de tout affect en dehors de ses faits. Mais il n’y a rien de périmé dans Topdog / Underdog de Suzan-Lori Parks. La dernière reprise du double vainqueur du prix Pulitzer est hystérique, tragique et surtout sincère.

C’est une pièce de théâtre sur la leçon d’histoire, à la manière de Caïn et Abel. Deux frères, Lincoln (Corey Hawkins) et Booth (Yahya Abdul-Mateen II), vivent dans un appartement dépouillé (conçu avec art par le scénographe Arnulfo Maldonado ; miroir fissuré, ampoule suspendue unique et tout).

Booth passe ses journées à soulever des marchandises dans les magasins et à pratiquer l’art du jeu de cartes. Alors qu’il essaie d’intégrer Lincoln dans son entreprise, Lincoln est catégorique sur le fait de ne faire qu’un travail honnête : se produire en tant qu’imitateur d’Abraham Lincoln dans une arcade locale, où la plupart des participants blancs lui tirent dessus.

La prémisse est surréaliste, avec beaucoup d’étirement comique. Mais Topdog / Underdog est une histoire fatale mêlée de malheur. Les deux frères partagent une foule de traumatismes : des parents qui ont abandonné chacun avec seulement 500 $, essayant de s’élever au-dessus de leur situation de pauvreté. Même leurs noms ont une qualité destinée (l’idée de leur père d’une blague, dit l’aîné Lincoln). À travers tout cela, la parenté des frères est profonde.

L’écriture de Parks est déjà quelque chose à voir. Elle navigue magistralement sur tout ce que son travail veut contenir. Traitant à parts égales d’humour, de honte, de culpabilité et de désespoir, Topdog/Underdog parcourt le monde sans se déchaîner. C’est un témoignage de la maîtrise durable de Parks en matière d’artisanat, de créativité et d’empathie.

Mais être témoin de ses paroles sous la direction de Kenny Leon, c’est voir quelque chose de vraiment cinétique et vivant, complètement dépouillé de subtilités ou de proxénétisme. L’œuvre est laide, parfois ouverte, mais familière et aimante. C’est une étreinte équilibrée de l’amour et de la malice des frères et sœurs aux côtés de leur dysfonctionnement ordonné.

Sous Leon, les interactions entre Lincoln et Booth restent rapides, intimes et surtout fraternelles. C’est Lincoln et Booth qui se disputent pour savoir qui apportera les plats chinois à leur table de fortune (faite de caisses de lait et de carton). C’est Booth et Lincoln qui modélisent de manière ludique leurs costumes volés l’un pour l’autre, avec des ad-libs d’Abdul-Mateen mettant en lumière la transformation des frères. C’est le langage partagé qu’ils utilisent, les poignées de main, les regards, tout un aperçu d’une relation qui est tellement comprise mais jamais expliquée.

Les deux frères ont une alchimie palpable entre eux, rendant leur chute inévitable encore plus dévastatrice. Abdul-Mateen s’en sort bien, apportant une jeunesse et une impulsivité nécessaires à un Booth plus jeune. Il frappe complètement l’empressement de Booth pour l’agitation du jeu de cartes, capturant tout ce que l’escroquerie signifie pour le plus jeune : une chance de changer sa situation, pour enfin être vu par son frère (et quasi-figure paternelle) comme un homme à part entière.

Parfois, le contexte de la relation de Booth avec son ex Grace (un personnage absent mais souvent mentionné) ne se fige pas à la fin de la pièce. Abdul-Mateen n’embrasse pas tout à fait l’esprit grandiose et erratique de Booth, donc l’un des rebondissements majeurs de la pièce ne se traduit pas facilement. Mais même avec l’accroc, son traitement final de Lincoln (et le déversement instantané de regret) est profondément ressenti, lugubre et misérable.

Hawkins est transcendant. Hawkins comprend parfaitement la pitié compliquée de Lincoln, le fait qu’il doit porter le visage blanc pour travailler, qu’il vit avec son jeune frère sur un fauteuil inclinable, les pieds de l’alcoolisme et du capitalisme anti-noir qui ne lui lâchera pas le cou. Mais Hawkins frappe l’agence que Lincoln a, le charme et la nature manipulatrice d’une personne aussi tordue. Qu’il s’agisse d’inciter Booth à changer de cravate ou de soutirer une grosse somme à son unique frère, Hawkins nous invite à regarder un homme dérangé.

Le retour de Topdog/Underdog est le bienvenu. C’est une démonstration complète de la puissance de la plume de Parks, du talent profond de Leon. Une revisite reconnaissante d’une œuvre classique qui devrait rester sur le trône du canon du théâtre américain.



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