Crise énergétique: la Commission demande un soutien gouvernemental plus ciblé


Les pays de l’UE, dont l’Allemagne, ont dépensé des milliards pour aider les citoyens à traverser la crise énergétique, bien que les mesures n’aient pas été ciblées sur les plus vulnérables de la société, a déclaré la Commission européenne mardi 22 novembre.

Des programmes d’aide d’une valeur de plusieurs milliards ont été lancés par les gouvernements de l’UE pour parer à la crise énergétique, malgré les critiques liées à leur ampleur. L’Allemagne, pour sa part, est allée jusqu’à annoncer un plan de secours d’une valeur pouvant atteindre 200 milliards d’euros.

Cependant, les deux tiers des mesures gouvernementales visant à aider les ménages et les entreprises ne ciblent pas les plus vulnérables de la société, indique un rapport sur la situation budgétaire de la zone euro que la Commission a présenté à Strasbourg mardi 22 novembre.

Au lieu de cela, ils ont été utilisés pour subventionner les prix pour les consommateurs de manière plus générale, ce qui, selon l’exécutif européen, pourrait réduire les incitations à économiser l’énergie et à alimenter l’inflation.

Les mesures non ciblées totalisent un ordre de grandeur de 0,9 % de la production économique totale de la zone euro, indique le rapport. Les mesures ciblées, en revanche, ne représenteraient que 0,4 % du PIB des pays de la zone euro.

Le rapport examine également comment l’admission de réfugiés ukrainiens affecte la situation budgétaire des États membres. Les coûts pour cela s’élèvent à 0,1% de la production économique.

L’Allemagne aussi sous le feu

La Commission a également visé l’Allemagne, le plus grand État membre du bloc.

Lors de son annonce initiale, le programme d’aide de 200 milliards d’euros de l’Allemagne a été critiqué, les critiques affirmant qu’il mettrait les autres pays de l’UE dans une position concurrentielle désavantageuse car ils ne seraient pas en mesure d’aider les entreprises à une échelle similaire.

Dans son nouveau rapport, la Commission s’est penchée sur les conséquences macroéconomiques. Il a exhorté les pays de la zone euro à ne pas augmenter leurs dépenses sans créer de nouveaux moyens de financement, comme une augmentation des impôts, car cela pourrait encore accroître la pression sur les prix. Les ministres des Finances de l’UE ont également approuvé cette recommandation, a souligné le commissaire à l’Economie Paolo Gentiloni lors de la présentation du rapport mardi.

Pourtant, selon le rapport, l’expansion budgétaire est clairement en cours en Allemagne.

« Nous invitons l’Allemagne, comme les autres pays où nous constatons cette forte croissance des dépenses, à prendre les mesures nécessaires dans le cadre du processus budgétaire national pour garantir que le budget 2023 est conforme à la recommandation du Conseil », a déclaré le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis lors d’une conférence de presse à Strasbourg. .

Parmi les autres mesures proposées par Gentiloni lors de la présentation du rapport figurent la poursuite d’importants investissements gouvernementaux, tels que dans les infrastructures énergétiques, ainsi que des aides ciblées pour les ménages menacés de pauvreté. L’aide aux entreprises doit également être « temporaire et ciblée », a-t-il souligné.

La Commission a également noté la nécessité d’augmenter les salaires.

« L’évolution des salaires devrait protéger le pouvoir d’achat, en particulier pour les bas salaires, tout en reflétant l’évolution de la productivité à moyen terme et en limitant les effets de second tour sur l’inflation », a déclaré Gentiloni. Les effets de second tour sont ce que les économistes appellent la répercussion de l’augmentation des coûts salariaux sur les consommateurs, ce qui peut entraîner une nouvelle série de hausses de prix.

Les hausses d’impôts comme moyen de financer l’augmentation des dépenses ?

Dans son rapport annuel, le Conseil allemand des experts économiques, qui conseille le gouvernement en matière de politique économique, a souligné que les mesures annoncées ou déjà mises en œuvre pour lutter contre la crise énergétique dépassent nettement celles des autres pays de l’UE.

L’Allemagne consacre plus de 7 % de sa production économique annuelle aux paiements de transfert, aux réductions d’impôts et aux mesures de soutien aux entreprises liées à la crise énergétique. Cela place le pays, avec Malte, dans une position de leader par rapport aux autres pays de l’UE, indique également le rapport.

Dans le même rapport, le Conseil des experts économiques suggère également d’augmenter les impôts comme mesure temporaire de contre-financement, bien que le ministre libéral des Finances, Christian Lindner, ait rejeté l’idée.

Les augmentations d’impôts pourraient n’apporter qu’une petite contribution, « et ce serait dangereux », a déclaré Lindner à la chaîne de télévision publique ARD mardi matin.

« Nous avons une récession, donc nous avons des performances économiques qui ralentissent, nous avons d’énormes besoins d’investissement dans les prochaines années, dans les technologies propres par exemple, et de grandes incertitudes économiques. »

Dans cette situation, les augmentations d’impôts constitueraient un risque économique majeur et « finiraient par se faire au détriment des emplois et des investissements », a ajouté Lindner.

The Brief — Le consensus économique allemand vire à gauche

La ligne de pensée économique allemande a longtemps eu la réputation d’être conservatrice. Austérité, réduction de la dette et discipline budgétaire sont les mots à la mode que beaucoup d’Européens associent à l’Allemagne. Cependant, le consensus des économistes allemands s’est déplacé de plus en plus vers la gauche ces derniers temps.

[Edited by Nathalie Weatherald]





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