Critique de Bagdaddy – interprétation saisissante et absurde du traumatisme de la guerre | Théâtre


JVoici des moments brûlants dans cette histoire d’un père et d’une fille dont la relation est façonnée – ou déformée – par le traumatisme de la guerre, mais ils se présentent dans une première pièce inégale qui utilise l’absurde et le clown de manière flamboyante. Ses coups de poing peuvent nous tenir à bout de souffle mais il y a trop de scènes saccadées ou émoussées dont l’humour noir n’est ni assez drôle ni assez dangereux.

Écrit par Jasmine Naziha Jones qui joue également le rôle de la fille britannique irakienne, Darlee, face à Philip Arditti dans le rôle de son père, il nous emmène à travers la guerre Iran/Irak de 1980-88, la guerre du Golfe de 1990-1 et la guerre de 2003- 11 guerre en Irak en mettant en scène ses souvenirs d’eux.

Sous la direction de Milli Bhatia, nous entrons dans un monde hallucinatoire dans lequel Darlee tombe dans le terrier du lapin du passé de son père. À leurs côtés se trouve un trio de clowns d’un autre monde – interprétés par Noof Ousellam, Hayat Kamille et Souad Faress – qui contrôlent l’histoire. Père et fille deviennent leurs marionnettes dans une réalité alternative cauchemardesque où ils sont obligés de mettre en scène des souvenirs déchirants.

L’idée d’explorer des sujets difficiles à travers le clown est originale mais se sent artificielle ici. Alors qu’ils passent de manipulateurs de l’action à commentateurs de celle-ci, ces personnages glouglent et suragissent mais nous ne ressentons pas l’horreur ou le rire que nous devrions.

Hayat Kamille, Philip Arditti et Jasmine Naziha Jones à Bagdaddy.
Monde hallucinant… Hayat Kamille, Philip Arditti et Jasmine Naziha Jones à Bagdaddy. Photographie : Helen Murray

La première moitié semble déséquilibrée par des scènes de sketch sur les premières années du père en Grande-Bretagne. Nous perdons de vue Darlee pendant une partie de la pièce, bien que la performance d’Arditti soit superbe et qu’il domine tranquillement la scène. La seconde moitié est plus sombre avec une violence surréaliste orchestrée par les clowns aux côtés de scènes au ralenti, de clichés de chansons pop minuscules, d’éclairs de lumière, le tout jeté avec beaucoup d’effet mais pas assez de sens.

La scène semble un peu trop grande pour la scénographie pleine d’esprit et de rechange de Moi Tran, bien qu’il y ait une utilisation féroce de l’éclairage (par Jessica Hung Han Yun) et du son (par Elena Peña) qui remplit l’espace d’explosions, de chuchotements, de projecteurs et de noirceur.

Il se termine par deux monologues puissants qui s’éloignent de la logique d’un cauchemar, parlant directement de la guerre. Alors que les parties compliquées de Baghdaddy ne se rejoignent pas tout à fait, son audace est extraordinaire et met certainement en valeur le talent intrépide du dramaturge.

À la Royal Court, Londres, jusqu’au 17 décembre.



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