Journal de pays : Rien ne peut retenir la fougère


Blumière racken – lorsque la lumière du soleil automnale brillante frappe une fronde de fougères pour enflammer son éclat. Ce vert vibrant n’est peut-être plus la photosynthèse fonctionnelle de la fougère, mais un point culminant avant la chute ; bientôt ses frondes ramifiées commenceront à se froisser vers la décomposition. Alors ses pigments or, roux, ocre, brun et brun auront une nostalgie lunatique comme celle des transparents de diapositives dans les vieux films Agfa.

L’odeur est celle de l’automne – des feuilles en fermentation, le parfum de la pourriture et des spores fongiques dansant dans une lumière tachetée, et un côté terreux à travers lequel les rhizomes de fougère s’enfouissent sous terre. Au-dessus, l’architecture de la plante, prise dans la lumière du soleil, évoque des objets imaginaires – des choses bien plus anciennes que les pensées, les idées et les émotions humaines modernes, quelque chose qui les dépasse. Les migrations piétinées de créatures éteintes et mythiques ; les secousses sismiques des dieux délinquants ; la pression atmosphérique du ciel portant des spores d’histoire ancienne; la gravité des toiles écologiques les liant à la terre ; l’indifférence écrasante d’un monde qui s’en moque : l’histoire n’est pas en apesanteur.

Cette petite illumination d’une fronde de fougère appartient à une colonie explosive avec le potentiel de couvrir tous ces champs, bois et montagnes lorsqu’ils seront finalement abandonnés. Tondue, mise en balles, aspergée d’herbicide, la fougère est la réponse de la nature aux questions d’occupation des sols. Cette fronde appartient à une parcelle de bruyère recolonisée par des arbres en bordure de l’ancien hippodrome au-dessus d’Oswestry, le long de la limite d’Offa’s Dyke, entre les plaines d’Angleterre et les collines du Pays de Galles.

Là-bas, dans les plis verts de la campagne, des trucs de choucas collent aux conduits des ifs creux des cimetières. Là-bas, dans les rues des villes frontalières, des colombes à collier chantent dans les cheminées comme d’anciens gramophones. Chacun de ces lieux est aussi magique ou banal que la lumière du soleil qui brille sur les feuilles de fougère, mais les deux ont une qualité mystique dans la symbiose imaginative entre l’humain et le plus qu’humain.

Les deux endroits ont en commun les « empiétements » de fougères, ses frondes tournant en automne, provocantes mais ployantes sous le poids des préjugés humains, sa propre ruse rayonnante, les « pensées » d’objets imaginaires.





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