Le scandale de corruption de l’UE au Qatar met les liens français sous surveillance


PARIS – Alors que le président français Emmanuel Macron se rend au Qatar pour le match historique de la Coupe du monde entre la France et le Maroc, le scandale de corruption de l’État du Golfe au Parlement européen fait son chemin jusqu’à Paris.

Le chef de l’État français a ignoré les appels des législateurs de l’opposition – y compris l’ancien candidat à la présidentielle et les Verts Le député européen Yannick Jadot — d’annuler son voyage à la suite des allégations qui ont déjà fait tomber l’ancienne vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili.

Il n’est pas surprenant que le scandale de la corruption au Qatar au cœur de l’UE soit devenu une partie de la conversation politique en France, car Paris entretient depuis des décennies une relation spéciale – et parfois controversée – avec Doha dans des domaines tels que la sécurité, l’énergie et la culture.

L’État du Golfe a également beaucoup investi en France et possède l’un des clubs de football phares du pays : le Paris Saint-Germain.

Mardi, le gouvernement français a été confronté à l’Assemblée nationale par l’opposition au sujet des règles nationales sur le lobbying. Le cadre, a fait valoir un législateur socialiste, n’est pas adapté pour empêcher une corruption similaire de pays étrangers en France.

« Les faits que vous évoquez sont graves, c’est aux institutions européennes de les éclairer et d’en tirer les conséquences », a répliqué la sous-ministre Olivia Grégoire, ajoutant que l’exécutif est ouvert à revoir les règles pour les renforcer.

Les allégations de corruption au Parlement européen ont jusqu’ici épargné les eurodéputés français. Plusieurs législateurs français à Bruxelles, dont Manon Aubry et Leïla Chaibi du groupe de gauche, ont déclaré avoir été approchés par l’État du Golfe mais ont refusé de s’engager.

Cependant, la France est loin d’être à l’abri de l’influence de la pétromonarchie.

Le Qatar entretient depuis longtemps des liens étroits avec l’élite politique française, y compris l’ancien président français Nicolas Sarkozy.

Une enquête en cours du parquet financier français porte sur d’éventuelles accusations de corruption liées à l’attribution au Qatar de la Coupe du monde 2022 et au rôle joué par de hauts responsables français.

La Coupe du monde s’est avérée controversée en France, y compris avec des maires de gauche qui ont décidé de boycotter le match. En novembre, Alexis Corbière, figure de proue de la gauche, a publiquement dénoncé les intenses efforts de lobbying du Qatar pour le faire changer d’avis sur la Coupe du monde, qu’il a qualifiée d' »aberration sociale, écologique et démocratique ».

Néanmoins, au Parlement français, le Qatar est devenu une destination de choix pour les législateurs, selon les données analysées par Paris Influence de POLITICO.

Le Qatar est le quatrième pays le plus visité par les députés et sénateurs français depuis 2019, se classant juste derrière les pays de premier plan qui sont les cibles de la diplomatie française comme Israël, les États-Unis et la Chine. Au total, 12 législateurs ont passé un total de 38 jours dans le pays.

Et tandis que les voyages à l’étranger des législateurs peuvent être financés par le secteur privé, les voyages au Qatar ont été financés directement par l’État du Golfe, comme en témoignent les documents officiels.

Les registres officiels ne fournissent cependant pas d’informations sur les budgets et les dépenses, ce qui rend plus difficile la détermination du prix de ces voyages.

Quelques législateurs, dont le sénateur centriste Olivier Cadic, ardent défenseur de Doha, ont assisté à des matchs de la Coupe du monde au Qatar. Si la France remporte les demi-finales, Macron retournera dimanche dans la péninsule arabique.

Paul de Villepin et Pieter Haeck ont ​​contribué au reportage.





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